𝐂𝐇𝐀𝐏𝐈𝐓𝐑𝐄 𝟑𝟏

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MAËL

Jamais.

Ô, jamais ma rage n'avait atteint de tels sommets, grondant comme l'orage prêt à éclater. 

Ces ombres, ces êtres rampants qui s'agitent sous nos pieds, ces vermines qui souillent tout ce qu'ils touchent... ils ont osé te prendre, toi, Beth. Ma pauvre Beth. Ma douce amie, si précieuse, si fragile.

Que fais-tu là-bas, parmi eux, ces âmes perdues et corrompues ? Toi, qui méritais mieux que ce monde en ruine. Tes rêves étaient si grands, si purs. Comment as-tu pu te laisser prendre par ces mains souillées ? Les abysses dans lesquelles tu t'enfonces te dévoreront toute entière, et pourtant... quelques mètres seulement nous séparent. Quelques misérables mètres, et pourtant, l'abîme entre nous semble infinis.

La guerre approche, et dans cette tempête, je crains qu'inéluctablement nos chemins se croiseront de nouveau. Mais comment accepter que tu sois parmi ces parias, ces menteurs ? Ici, dans ce monde où tout brille d'or, où le bonheur est loi, où chaque chose trouve sa place... la vraie vie est ici. Celle où tout est parfait, où chaque homme et femme détient un avenir radieux, où la fortune sourit à ceux qui la méritent.

Beth... Toi qui voulais tant échapper à ce chaos, tu t'es abandonnée à eux. Si seulement tu m'avais appelé... Je t'aurais sauvée, arrachée des griffes de cette folie. Pour toi, j'aurais déplacé des montagnes.

Car tu étais celle qui me rappelait tant ce que j'avais perdu, une lueur dans les ténèbres de ma mémoire. Chaque geste, chaque sourire que tu esquissais ravivait en moi cette douleur sourde, cet écho d'un temps révolu. Toi, si semblable à ce passé, à cette part de moi que je ne retrouverai jamais. 

— Toutes les sections militaires sont armées, Major. commença le Caporal. Les sections policières sont chacune équipées de plusieurs stocks de diverses armes avec des calibres différents. Les derniers rapports remontent l'information que plusieurs résistants ont dénoncé et ont été éliminés cet après-midi. Cependant, plus nos offensives avancent, plus la population se tarit chez eux, la terreur gagne en force à cause des rebelles, Major.

— Bien, je pense que nous sommes tous d'accord. Nous ferons donc une descente dans chacune des prisons du pays pour en finir avec ces rebelles. Si des échos paraissent dans les actualités nationales, nous couvrirons l'affaire en évoquant une tentative de faire un coup d'État venant de ces hors-la-loi. déclara le Major général de Vienne, Jules Meyer.

À ses côtés, le Major général de Linz ainsi que celui de Salzbourg. Les trois majors réunis. Quel honneur nous avions là, de les voir ensemble et dans la même ville un autre jour que celui du renouveau des lois.

Mais c'était également stressant, triste, une pression en plus. S'ils étaient ici tous les trois, c'est que les choses allaient mal, très très mal. Et ce n'était pas faux, toute la réputation du pays était en jeu, ainsi que de nombreuses vies. Mais cela ne semblait pas être un gros problème, enlever quelques vies pour qu'ils rétablissent la vérité, ce n'était pas grave pour eux. Ce fut la fin de cette réunion, c'était la troisième depuis le début de la semaine, depuis l'incident, depuis notre dernière descente.

Descente tragique, relation brisée.

J'avais grimpé les échelons, un à un. Sergent de patrouille, Caporal de section, et enfin Lieutenant. Tout cela pour une seule raison : la retrouver, la ramener à ses parents. Mais cet enfer des souterrains l'avait prise avec lui. Quel gâchis. Chaque grade obtenu, chaque sacrifice consenti me semblait soudain vain. Ce n'était qu'une lente agonie vers une issue décevante, une perte de temps cruelle.

Ô 𝐉𝐎𝐋𝐈 𝐏𝐀𝐎𝐍Où les histoires vivent. Découvrez maintenant