𝐂𝐇𝐀𝐏𝐈𝐓𝐑𝐄 𝟐𝟐

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BETH-ANNE

5 juillet 2054. Dans les tréfonds.

Les mois passaient. Encore et encore et encore. Papa me manquait mais je n'y pensais pas. Maman me manquait, mais je n'y songeais plus. Pour une fois, je ne compte plus les heures avant la fin du travail. Non, là, le temps est loin d'être aussi dur. Les habitants ont encore du mal à s'adapter à ma présence, dans tous les quartiers on me voit comme la fille de la surface. Honnêtement, je n'en veux à personne, non, à personne. Peur que les gens de la surface ne reviennent à cause de moi, peur que je ne sois qu'une traître qui les manipulaient et donnaient le maximum d'informations aux policiers de là-haut. Les missions de ravitaillement sont de plus en plus compliquées, les patrouilles et les surveillances sont de plus en plus régulières à la surface.

Les entraînements sont plus difficiles, plus rigoureux, plus agressifs et on le ressent tous. Une grande tension se prépare à imploser dans ces souterrains. Néanmoins, je me concentrais personnellement sur l'origine de tout cela. 

Comment l'Autriche, un pays aussi peu reconnu mondialement, a su se démarquer ? Pour quelles raisons sommes-nous arrivés à un tel régime ? Pourquoi les Majors ont laissé cette atrocité dicter nos vies ?

J'en ai discuté plusieurs fois avec Belinda. Nous avions passé beaucoup de temps dans les livres, les journaux et les lettres que nous avions à disposition ces dernières nuits. Nous avons tout passé au peigne fin et rien. Rien qui ne nous explique clairement ce retournement de situation soudain en 2007. 

Belinda m'a partagé sa pensée qui disait qu'elle était sur que l'Autriche était en défaillance économique, que la surpopulation les guettaient beaucoup trop et que c'est cette raison principale qui les a poussé à faire ça et à créer ces prisons souterraines. Seulement, il y avait un problème, les cavités où nous vivons aujourd'hui ont été créées après les catastrophes de 2001. 

Si il y avait déjà ce régime ardu de sécurité mis en place, où allaient les prisonniers d'autrefois ? Et aussi, par quels moyens ce régime a été accepté par les habitants ? La terreur pour sûr, mais il y aurait sûrement eu des rébellions, des manifestations, des révolutions.

Les traces devaient être restées quelque part en Autriche, Belinda soupçonnait la ville de Salzbourg de cacher ces confidentialités dans des bibliothèques privées, mais nous ne pouvions pas y accéder, c'était à l'autre bout du pays, pratiquement à 8 heures de route, et le risque qu'on nous repère durant le trajet était trop important. Les jours étaient tous différents, la routine ne s'installe pas et j'aime ça. Un quotidien tout tracé me rendait anxieuse, la même chose tous les jours, chaque heures, chaque minutes qui se ressemblent ce n'est pas ce dont j'ai envie; je n'en ai plus envie. 

Les nuits étaient dures et les journées l'étaient encore plus. Je m'entraînais chaque jour, Marceau était là chaque matin pour m'aider à progresser. Il n'était pas méchant, il était bien loin de l'être d'ailleurs. J'en apprenais un peu plus sur lui chaque jour, même si on échangeait très peu de mots, il me répondait toujours en étant honnête et sans passer par quatre chemins.

—Tu es de quelle origine Marceau ? demandais-je en reprenant doucement mon souffle sur le sol.

J'avais remarqué depuis le début cet accent très prononcé qu'il gardait en parlant. Un accent d'un pays chaud j'en étais sûre, il roulait ses lettres avec ardeur et passion, c'était bien l'une des seules choses qui le rendaient chaleureux.

—Argentin.

—Tu as vécu là-bas ? demandais-je, curieuse

Il hocha la tête tout en enlevant la poussière de sable qui était restée sur ses vêtements.

Ô 𝐉𝐎𝐋𝐈 𝐏𝐀𝐎𝐍Où les histoires vivent. Découvrez maintenant