𝐂𝐇𝐀𝐏𝐈𝐓𝐑𝐄 𝟐𝟗

4 0 0
                                    




BETH-ANNE


Après avoir ramené Lorette chez elle pour qu'elle puisse se reposer, je me sentais encore plus mal, plus faible, et pourtant, paradoxalement, je me sentais aussi plus forte, plus déterminée. Je n'avais pas pleuré. Je n'ai pas pleuré. J'ai juste eu mal au cœur, et cette douleur ne m'a jamais quittée. En rentrant chez moi, je le vis. Il était là, comme à son habitude.

Logan était face à la fenêtre, l'air pensif, l'air en colère. Il était nerveux, comme tout le monde depuis l'attaque. Une attaque décisive qui avait conduit Belinda à ordonner la dernière réunion. La dernière avant le début de notre fin. La fin de notre système ou la fin de notre vie. Maintenant, tout cela importait peu ; j'avais un but alternatif dans ce début de guerre. Je ne les laisserais pas vivre. Je ne pouvais pas supporter ça. Tous ces gens qui ont tué, qui ont enlevé la vie à des enfants, à de pauvres petits enfants. Non.

Je me rapprochais sans faire de bruit, sans prononcer un mot, puis j'osais. Entourant son corps de mes bras tremblants de colère, je serrais, lui montrant que j'avais presque besoin de ce contact. Il ne repoussa rien. Seul un soupir se fit entendre, un soupir qui contenait tout ce qu'il ne pouvait pas montrer devant Lorette, devant tout le monde.

Logan était ainsi, et je le comprenais de plus en plus. Cet homme qui avait été le premier à me tendre la main, qui m'avait appris la véritable vie ici-bas. La musique, la peinture, la joie, l'art d'apprendre, l'art d'aimer. C'était cela qui me manquait tant : l'art de comprendre l'affection que l'on donne à autrui, l'amour que l'on porte. L'art d'aimer un autre être que soi-même, l'art de s'aimer soi-même avant tout. Comment pouvaient-ils interdire cette joie à ceux d'en haut ? Nombreux sont ceux qui en auraient besoin. Rien qu'à cette pensée, je ne désirais que leur crier que ce monde est absurde, mais ils ne m'écouteraient pas. Ils n'ont jamais écouté personne.

— Je regrette, Logan, priai-je. Si seulement tu savais... ces paroles... elles étaient injustes envers toi. Je suis désolée.

— Ce sont mes excuses qui devraient être exprimées, avoua-t-il. Tu ne méritais pas ma colère, ma douce. Jamais je ne devrais élever la voix contre toi.

— Caleb est profondément attristé, Logan, dis-je, la gorge serrée, résistant vainement aux larmes.

— Caleb n'est plus là, Beth, susurra-t-il.

— Je te dis qu'il est triste, je le sens... insistais-je, la voix chevrotante.

J'eus peur de le braquer sur le moment, car il ne me répondit pas immédiatement. Le silence me fit face pendant un instant. Je détestais le silence. C'était ce qui m'avait tenu compagnie alors que j'étais seule sur ce sol froid, cette pierre écrasant mon torse. Le silence m'avait tenue en vie. Pourtant, malgré tous mes efforts, celui pour lequel j'avais voulu combattre n'était plus là.

Caleb n'était plus là, mais je ne réalisais pas encore la gravité de la situation. J'espérais toujours le voir débarquer dans cette pièce, me criant de venir avec lui à la bibliothèque. Mais non, rien. C'était Logan qui brisa ce silence, pas Caleb.

— Très bien, accepta-t-il. Pourquoi est-il triste ?

J'avais choisi d'être franche, car je ne voulais pas tromper celui qui était le seul à m'écouter attentivement. La seule personne qui m'avait toujours écoutée.

Ô 𝐉𝐎𝐋𝐈 𝐏𝐀𝐎𝐍Où les histoires vivent. Découvrez maintenant