𝐂𝐇𝐀𝐏𝐈𝐓𝐑𝐄 𝟑𝟔

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BETH-ANNE

    J'étais dans cet état second, où juste le regard nous pousse à agir, où seul notre corps avance et notre cerveau reste dans la mémoire interne de ce que l'on souhaite vivre en boucle. Un moment heureux. Un moment qui ne s'arrête pas. Mon objectif était clair et précis: trouver le meilleur angle d'attaque, trouver la situation parfaite pour faire rappliquer au plus vite les autres pays.

Cette guerre n'allait plus durer des années, non. Nous le savions tous : elle serait brève, car leur lutte avait déjà persisté pendant des décennies. Il était temps de clore ce chapitre en beauté. Leur armée, entraînée à réprimer ce genre de rébellions, avançait inexorablement. Et plus nous progressions, plus les villes s'effondraient, les bâtiments brûlaient, les rues se transformaient en ruines. Le chaos, inévitable, s'étendait partout où nous posions les yeux.

    C'était plaisant, de voir tant de couleur dans un secteur qui était autrefois grisâtre et sans vie. Je souriais face à cela. Seule, au milieu d'un enfer sur terre, je me suis mise à rire sincèrement, je me sentais soulagée. La vérité éclate toujours, les vilains se font toujours abattre par les gentils.

J'étais née dans le mauvais camp, me voici prête à détruire l'entièreté de l'empire moderne autrichien. Vienne tombait. Nous étions moins nombreux, moins entraînés et moins armés certes, mais beaucoup plus déterminés. Le monde prenais une autre tournure aujourd'hui. Ces années de souffrance et d'humiliation allaient cesser.

—Je ne te savais pas si souriante. En fait, je dois t'avouer que je te considérais comme déjà morte dans les tréfonds. résonna une voix méprisante derrière moi.

    Je riais à nouveau, mes nerfs bouillonnaient à l'intérieur de moi, me retournant vers lui, je sentais mes dents mordiller mes lèvres de rage. Une haine enfouie, lui enfin devant moi, cette violence que je ne vivrais plus jamais et que plus personne ne vivra à cause de lui. Logan était en train de se battre plus loin, protégeant quelques civils qui persistaient dans les rues, il ne faisait pas attention à moi, et moi non plus.

—Toi qui es si intelligente d'organiser ce petit guet-apens, dis moi, comment tu vas t'en sortir face à moi si tu ne comptes pas me tuer ?

—Qui as dit que je ne vous tuerais pas, Caporal ? rétorquais-je d'une voix tranchante, plus aucune pitié ni aucun doute n'en découlait.

    Cet homme était tout ce qui m'amenait ici. Il était la source de toute ma haine. Violence. Physique. Morale. Verbale. Humiliation. Harcèlement. Oh, après tout ce que j'ai pu endurer. Je pouvais enfin me venger un petit peu. Car lui était un égoïste, lui ne fera pas attention à ses mouvements, il me croyait faible. Faible car j'étais une femme. J'allais enfin lui montrer ce que pouvait faire une femme. Une femme artiste. Une femme qui n'avait plus rien à perdre.

Trésor, je te connais, tu n'es pas une tueuse, tu ne l'as jamais été. ricana-t-il d'un ton mauvais, insistant bien sur le mot "jamais".

—Regarde-moi devenir pire que ça.

    À la fin de cette simple phrase, je m'équipais de mon arme dans la main, la dague que Logan m'avait donné. Je fonça sur lui sans crier gare, dans une charge rapide et redoutable, aveuglée par cette seule personne devant moi et toute la colère que je gardais en moi depuis plus de six ans. Car jamais ses paroles ardues et piquantes n' ont quitté mon esprit.

Qu'une simple femme osaient-ils tous dire ? J'étais une battante. Bien meilleure qu'eux. Il bloqua mon affront en m'attrapant le poignant et le serrant fortement. Il pensait me bloquer avec des techniques aussi...basiques ? Je me retournais et lorsqu'il  fut dos à moi, je le fis basculer sur mon dos pour que son corps atterrisse sur le sol dans un bruit sourd et douloureux.

Ô 𝐉𝐎𝐋𝐈 𝐏𝐀𝐎𝐍Où les histoires vivent. Découvrez maintenant