𝐂𝐇𝐀𝐏𝐈𝐓𝐑𝐄 𝟒

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BETH-ANNE

Un cœur en peine était une âme emprisonnée. Un cœur protégé était un pouvoir assuré. C'était ce que ma mère n'arrêtait pas de me raconter quand j'étais petite. Cela signifiait qu'il était préférable de défendre son âme et de chercher à dominer, plutôt que de pleurer sur son sort en laissant son esprit se replier sur elle-même. Cette pensée me hantait constamment, sans jamais faiblir ni s'estomper.

Recroquevillée sur moi-même, dans ce modeste lit en bois qui était le seul meuble agréable dans cette pièce, je me répétais sans cesse cette phrase. Ma faim grondait dans mon estomac, mais je restais incapable de m'approcher des plats disposés sur la table. 

D'où provenaient-ils ? J'étais éveillée depuis des heures, sans être certaine du passage de la nuit. Seules les lanternes à huile éclairaient cette place, montrant qu'elle fonctionnait indépendamment du courant électrique et hors de portée des technologies avancées qui nous dominaient constamment à la surface.

J'ai cherché un moyen de me sortir de cette situation, de m'échapper de cet endroit et de démontrer que j'avais droit à ma place, que j'avais su la gagner et que je n'étais pas comme les gens ordinaires. Je devais retourner vers les personnes respectables, celles qui avaient réussi, afin de résoudre mes problèmes et de redevenir une femme normale.

—Je vous avais demandé de manger ma douce. Vous auriez dû prendre des forces, la journée risque d'être chargée pour vous.

Je me redressai brusquement, levant les yeux vers lui. Il était toujours là, arborant ce stupide sourire et adoptant une attitude décontractée. Comme si rien ne s'était passé, comme s'il n'avait pas commis la plus grande des bêtises.

—Vous savez qu'enlever et séquestrer un agent de la loi c'est mortel pour des personnes comme vous ?

—Des personnes comme moi ? me répondit-il, outré de mon appellation. Qu'est-ce qui définit une personne comme moi selon vous ?

—Des criminels, ceux qui ont tellement souillé nos valeurs qu'on a dû les enfermer avec leur propre crime. Ceux qu'on a dû-

—Je demandais votre pensée, pas celle que vous avez appris comme un mouton qui apprend du berger.

Je le méprisais, lui et ses belles paroles à la noix. Mon opinion avait été forgée par mon entourage, par des preuves, par des discours, par des témoignages.

—Allez vous faire foutre, vous et votre savoir ! Vous ne me connaissez pas alors comment vous pouvez venir ici, me posez des questions et remettre en cause mes réponses ?! Allez vous-en et laissez moi partir si ça ne vous plaît pas ! Allez chercher un autre cobaye pendant que vous en avez encore le temps !

—Si ce que vous dites c'est ce que vous pensez vraiment, vous ne seriez pas là. Je choisis avec minutie ceux qui me rejoignent ma douce. Qui sont les méchants de l'histoire pour vous ?

—Vous rigolez j'espère ? lui hurlais-je outrée par sa question.

J'étais ahuri par sa question, à tel point que je me levais, les yeux écarquillés et mon visage grimaçant. J'étais complètement dubitative face à cette situation: c'était ironique.

Ô 𝐉𝐎𝐋𝐈 𝐏𝐀𝐎𝐍Où les histoires vivent. Découvrez maintenant