𝐂𝐇𝐀𝐏𝐈𝐓𝐑𝐄 𝟐𝟔

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BETH-ANNE

Les adieux ne sont jamais faciles.
Cependant, ils ont tous des formes et des raisons différentes et uniques selon l'être et surtout, le point de vue. Cet adieu invisible que je faisais à Maël, à mes parents, cet adieu que j'avais gardé entrouvert depuis bien trop longtemps pour un possible renouvellement, je le fermais enfin. C'était ça, le plus dur. Dire adieu, mais ressentir l'envie de dire à nouveau bonjour. C'est un deuil de la personne, des souvenirs ainsi que des sentiments.

Logan m'y avait poussé, il avait raison malgré ses propos violents. Le pays mourrait, l'existence s'éteignait à chaque pas supplémentaire que faisait cette dictature. Si je laissais mes sentiments me guider, j'allais mourir avec ce pays. Malgré moi, cette vie que j'avais toujours connue était enfin derrière moi, une nouvelle vie s'offrait à moi et j'y étais tellement plus à l'aise. Quelle égoïste pouvais-je devenir ; eux qui rêvaient d'avoir la vie que j'ai renié il y a longtemps, je venais d'accepter celle qu'ils rejetaient.

En rentrant à Rosvilna, je n'avais pas dit un mot, le trajet avait été silencieux, une ambiance tendue s'était installée. Je m'étais contentée d'écouter Belinda, Logan et Marceau bouillir de fureur et de rage devant la situation critique qui se tenait au-dessus de nos têtes.

—On attaque et point final. déclara rageusement le brun.

—Non, on est loin d'être prêt à attaquer, ce n'est pas raisonnable.

—Alors ils le feront avant nous !

—Leur but n'est pas d'attaquer, mais de fouiller les tréfonds. intervient Hazel.

—Oh c'est vrai, c'est mieux j'avais oublié. répondit-il de manière ironique. Putain Hazel ! Ils verront Osmo, les forges, les armes, parce que cette fois-ci on n'aura jamais le temps de planquer et dissimuler ce qu'on a ! Ils savent très bien notre objectif, le leur c'est de nous prendre la main dans le sac et de nous abattre comme des porcs pour complots ! Ils sont pas bêtes putain ! Belinda, il faut qu'on le fasse et le plus vite possible ! Odile est revenue avec son équipe ce matin. Si on a besoin de l'équipe de médic, on en a sur place pour trois jours maximum. Après ce délai, on sera morts avant même d'avoir mis toutes ces putains de recherches et tout ce travail à la vue de tout le monde. Le monde ne changera jamais si on n'agit pas. Je ne veux plus me terrer sous terre comme ils nous l'ordonnent depuis 40 ans. On doit se battre même si on perd. Peu importe. On aura agi et ça les fera réfléchir, eux, ou les autres pays.

La concernée ne disait plus un mot, elle souffrait, elle stressait, elle était prête et je le savais. J'en avais peur. Elle avait l'avenir entre ses mains. Un pion, un autre et encore un autre. Voilà ce que nous étions dans sa tête, elle nous mettait en place, elle cherchait l 'angle, le point, la cible. Cardinal, les Majors, les trois prisons de l'Autriche. C'étaient nos objectifs. L'international.

—Vous avez deux jours pour tout mettre en place.

Un souffle quitta le seuil de mes lèvres, mon cœur se compressa et des nausées me prirent sans crier gare. 2 jours et ce sera la catastrophe. 2 jours pour trouver n'importe quel autre moyen de changer les choses sans déclarer une guerre et de perdre des milliers de vies supplémentaires. Je ne voulais pas seulement sauver Vienne, ni seulement l'Autriche. Je voulais éviter cette guerre vers laquelle tout le monde semblait se tourner, mais je sentais que c'était impossible. Irréversible.

Néanmoins, ça ne m'arrêtera pas, je devais à tout prix prouver la noirceur de l'Autriche ainsi que son inhumanité. Ce gouvernement et sa fragilité en face des autres pays. Une diffusion. Une diffusion internationale. Le monde entier devait ouvrir les yeux bordel. Des preuves visuelles, un appel à la rébellion, un appel à l'humanité, voilà ce dont nous avions besoin.

Ô 𝐉𝐎𝐋𝐈 𝐏𝐀𝐎𝐍Où les histoires vivent. Découvrez maintenant