Ô 𝐉𝐎𝐋𝐈 𝐏𝐀𝐎𝐍

𝐂𝐇𝐀𝐏𝐈𝐓𝐑𝐄 𝟑𝟖

BETH-ANNE

Je regardais Logan, déboussolé, mais lui ne fut pas comme moi, il était impassible. Que se passait-il au juste ? Qu'est ce qui se passait ? Ils ne se parlaient pas, mais pourtant je sentais qu'il se passait quelque chose d'important sous mes yeux, quelque chose que je préférais renier, que je préférais oublier et ne jamais accepter.

Surtout lorsque Hazel se baissa vers lui, qu'elle lui chuchotait des paroles qui nous étaient interdites à moi et à Logan. Puis, je la vis dénouer le lacet de son poignet et mon cœur se serrait lorsque mon cerveau acceptait enfin la vérité. Une vérité que j'aurais préféré ne jamais connaître. Hazel noua le lacet autour du poignet du blond puis elle parla enfin.

—Je t'aimerais toujours...Malgré ce que tu as fais je...Je ne peux pas aimer qui que ce soit d'autres que toi. Je t'aime toi.. Toi et tes péchés...Je te le promets, je les guérirai, je te promets... Je te guérirai de tout cela. Tu mérites d'avoir une seconde chance...

—H-Hazel...Je vais mourir... J'ai pas envie de mourir... sanglotait-il désormais.

Cette scène me donnait des hauts de cœur, il n'avait pas envie de mourir, c'est ce qu'il suppliait. J'avais envie de vomir car je comprenais et j'acceptais enfin ce qui se passait sous nos yeux. Parce que je m'étais plongée dans le déni. Ces écritures sur le mur de Rovsilna, c'était lui. Lui et ses "e" écrit à l'envers. Lui et son écriture si originale.

—C'est lui qui a écrit ça il y a quelques années, il avait cette écriture originale et cette phrase qu'il aimait me rappeler quand j'allais mal.

Hazel aimait Maël. Maël vient des tréfonds. Maël avait vécu cet enfer. Maël était l'ancien chef de Paravelle. Maël avait vécu sous terre. J'étais tellement focalisée sur le passé et l'histoire de Hazel que je n'avais jamais fais ce rapprochement -ou alors je ne voulais tout simplement pas l'accepter car c'était trop gros pour pouvoir être vrai-.

Il avait vécu l'horreur de ces lieux et étrangement, alors qu'il aurait dû me provoquer de la peine et de la compassion, il ne me provoquait que du dégoût et une colère encore plus grandissante. Il savait ce qu'était la vie dans cette prison, et malgré tout cela, il tuait chacun d'entre eux qui essayait seulement de trouver un lieu approprié pour vivre librement. Maël était mon opposé. Maël avait fait son choix. Un choix que je ne comprenais pas. Un choix qui m'était inconcevable et pourtant, il l'a fait lui. Il a tout abandonné pour lui-même.

Je l'observais, perdue dans mes pensées les plus déboussolées et les plus perturbées qui me restaient à ce jour. Je la regardais et je ne pouvais plus faire ça. Hazel n'était pas mon amie et je le comprenais maintenant, mais moi je la considérais ainsi malgré tout. Hazel était amie avec Maël. Elle était amie avec moi, le fantôme de cet homme sous terre. Hazel aimait toujours Maël, elle se rattachait à son souvenir à travers moi.

Quelle trahison. Que je souffrais. Que j'avais mal.

Cela ne s'arrêtera donc jamais ? Ce supplice me hantera donc toujours ? Je ne pourrais jamais avoir la paix, avoir quelqu'un qui m'aime et m'apprécie pour qui je suis. Que quelqu'un apprécie Beth-Anne Lewis dans toute sa splendeur au moins une fois dans cette vie pitié.

Puis, toute désolation s'envola. Toute dépression également lorsque je sentais sa main effleurer ma joue. Logan lui m'aimait. C'est vrai. Tout dans son regard disait vrai, il aimait Beth-Anne. Il aimait la policière autant qu'il aimait la piètre peintre que j'étais. Logan était le seul qui aimait chaque parcelle de mon âme et de mon esprit, la peureuse que j'étais était confortée, l'égoïste également. Il m'aimait avec la plus belle des passions, je ne pourrais jamais le remercier assez pour cela.