𝐂𝐇𝐀𝐏𝐈𝐓𝐑𝐄 𝟔

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BETH-ANNE

24 mars 2054.


Un silence régnait autour de cette table. Nous étions tous assis, je tentais de respirer, comme je le pouvais, d'empêcher ma jambe ou mes mains de trembler, d'éviter que mes joues ne rougissent d'humiliation. J'étais tellement honteuse de ma situation ; je venais de craquer sous le regard de deux personnes à première vue importantes ici-bas. J'avais déjà entendu parler du leader des Tréfonds à la surface, mais on ne s'attardait jamais assez sur ce sujet pour que je puisse obtenir des informations sur elle.

Belinda, manifestement habile dans l'art de la planification, comme en témoignaient les montagnes de papiers sur le bureau, avait déposé les plans de la ville de Vienne près de moi. Elle avait l'air d'une femme maline, ingénieuse et, au vu de son autorité présente et pesante, elle allait être insupportable. Elle était la seule debout, nous observant tous un par un. Sa peau noire était en parfaite contradiction avec ses yeux clairs et perçants. Elle était d'une véritable beauté, il fallait le déclarer, mais elle me mettait mal à l'aise. Sa personne et sa façon d'être me dérangeaient sans que je ne comprenne vraiment pourquoi.

— Logan, pourquoi avoir mis aussi longtemps à venir ici ? interrogea-t-elle fréquemment.

— Marceau te l'a dit, il me semble. Je te décrirais tout dans mon rapport après cette réunion. Pour le moment, tu as d'autres chats à fouetter, je me trompe ?

Qu'est-ce qu'il m'énervait ! Il était insolent tout en gardant un sérieux et un sang-froid phénoménal. Même dans les forces de la loi, la plupart des nouveaux qui y entraient perdaient rapidement leur calme face à leur supérieur. Était-il supérieur à elle ? Cela me paraissait impossible au vu des informations que j'avais pu récupérer dernièrement.

— Tu es pour raison ! s'exclama-t-elle en se tournant vers moi. Beth-Anne, quel plaisir de vous avoir ici !

— Plaisir non partagé... marmonnai-je.

— Sympa, je croyais que vous avez changé de camp ! me lance Logan sur un ton presque accusateur, il croisait les bras comme un enfant inconscient du poids de ses paroles.

— V-Vous m'avez kidnappé comment je peux être d'accord avec vous ?! Je ne suis pas ici parce que je l'ai voulu, je vous rappelle ! Et puis... Je-Je n'ai pas changé de camp... Je veux juste connaître votre proposition... Si c'en est bien une....

— Bien sûr que c'en est une. C'est une proposition que vous n'allez pas pouvoir refuser. m'informait Belinda.

Plus je la regardais, plus j'étais intriguée. Je voulais savoir si j'avais fait le bon choix. Si je restais, je donnerais raison à ceux qui me diagnostiquaient de folle. Cependant, je comprendrais peut-être mieux qui je suis. Qui sait, je serais peut-être destinée à vivre ainsi : dans la misère de ceux que j'avais laissés mourir. Ce serait ironique et tristement connu.

 Ici, personne ne me connaissait, personne ne savait qui j'étais. Mes proches ne penseraient jamais à cet endroit ; ils m'oublieraient. S'ils l'avaient voulu, ils seraient déjà descendus me chercher ; ils auraient dû m'appeler ou—

Ô 𝐉𝐎𝐋𝐈 𝐏𝐀𝐎𝐍Où les histoires vivent. Découvrez maintenant