𝐂𝐇𝐀𝐏𝐈𝐓𝐑𝐄 𝟑𝟎

10 1 0
                                    




BETH-ANNE

Il n'était même pas quatre heures du matin. La lune, pâle spectatrice de nos derniers instants, baignait les rues d'une lumière irréelle. Un silence pesant régnait, troublé seulement par le battement sourd de mon cœur. Les derniers échos de la nuit s'étaient tus, emportés par le vent du changement. La ville, endormie et recluse, semblait retenir son souffle.

Je me souviens de cette nuit, blottie contre Logan, de son souffle chaud sur ma peau, de son regard qui me disait tout et rien à la fois. Ses bras, sa protection, m'avaient enveloppée d'une douceur infinie, apaisant les tourments qui m'agitaient. Dans ce moment suspendu, hors du temps, j'avais cru toucher du doigt un bonheur éternel. Mais le réveil a été brutal, cruelle ironie du destin.

Le départ a été précipité, trop vite pour que je puisse m'y préparer. Un goût amer d'inachevé s'est installé dans ma gorge. Je l'ai regardé s'éloigner, son ombre se perdant dans la nuit, emportant avec elle une part de moi. Ses lèvres, si douces, si chaudes, me manquaient déjà. Le souvenir de ses caresses, de son rire, me brûlait la peau. Et cette sensation, cette angoisse diffuse, de ne plus jamais le revoir, me submergeait.

— Odile m'a prévenue que tous les Majors sont présents à la tour du Cardinal au centre de Vienne, vous sortirez alors par la faille de la grande place. Pour ce qui est de mon groupe, nous partons dans deux heures pour la frontière avec la Suisse. Nous avons prévenu les deux autres prisons, elles feront la même chose, à la même heure. Tout est programmé. Vous allez en ville, Beth-Anne trouve un moyen de caler la TV internationale sur les caméras de la ville. Tu m'as bien dit que tu saurais le faire.

— Oui, ce n'est pas très difficile, ils ont une manipulation assez simple pour passer leur chaîne TV internationale en urgence informative, je la trouverais.

— Bien. Vous saccagez tout, mais ne blessez personne, vous devez être passif, sauf s'ils attaquent avant. À ce moment-là, prouver à tout le monde que ce sont eux les cœurs de marbre. exposait Belinda, sa voix tremblait presque, mais elle réussissait à garder un sang-froid sans pareil.

— Odile m'a prévenue que son équipe médicale ainsi que toute la résistance se tenait prête à combattre dès la première heure. Les stocks de soins ont été rassasiés au maximum de leurs contenances. Nous possèderons donc une équipe médicale sur chacun de sleiux de rencontre, même au tien, au niveau de la frontière, Belinda. Expliqua Hazel.

Mes sentiments étaient partagés, entre envie de vengeance, liberté et culpabilité d'envoyer des dizaines de personnes dans la gueule du loup. Je me sentais affreusement mal et nauséeuse.

— Callum nous a aussi prévenues qu'une réunion aura lieu à ce moment-là dans la tour du Cardinal. Il suppose que ce soit l'élaboration d'un plan d'attaque contre les prisons du pays. compléta Marceau.

— Bien, cela tombe à pic. S'il ne s'agit que d'une théorie, ils se trouvent actuellement dans leur position la plus vulnérable. Cette information est favorable pour notre camp. L'effet de surprise est primordial pour réussir cette révolte. souriat lentement Belinda.

— Pour infiltrer la tour du cardinal, nous devons créer une diversion pour que les gardes ne nous laissent pas entrer. Ils renforceront la sécurité autour de la tour, en particulier au pied de celle-ci. informais-je.

— Je m'en charge, j'ai une petite idée pour attirer la volaille hors du poulailler. se moqua Logan en face de moi.

— Belinda, on ne retiendra pas tout le monde là-haut, ils vont savoir que vous vous dirigez vers la frontière de la Suisse, tu le sais ça ? intervient Hazel, inquiète.

Ô 𝐉𝐎𝐋𝐈 𝐏𝐀𝐎𝐍Où les histoires vivent. Découvrez maintenant