MAËL14 Février, 2048.
Ce fut cette nuit-là que tout avait changé. J'étais assis sur les rebords de la fontaine asséchée de Paravelle, j'aiguisais ma lame avec précision et délicatesse.
C'était ma dernière nuit dans ce quartier dans lequel j'ai grandi, j'y suis né mais j'y suis mort également. Mort avec cette odeur de sang incessante, ce corps froid et sans vie, ma pauvre sœur. Ma pauvre Jade.
C'était le genre de fillette qui prenait soin d'elle, qui aimait cette vie aussi pourrie qu'elle pouvait être. Ses longs cheveux blonds qu'elle ne cessait jamais de brosser, son petit sourire qu'elle m'offrait à chaque fois que je rentrais de Rosvilna ou d'une mission.
Elle qui était malade, elle qui ne pouvait même pas marcher, elle aimait la vie et la musique plus que tout. Elle aimait l'art, la peinture, les animaux, les plantes.
J'avais accepté de rejoindre Belinda pour elle, j'avais accepté de protéger Paravelle pour elle, car c'était Jade qui m'avait donné une raison de me battre. Elle était décédée soudainement. À peine Belinda avait accepté de me prendre en tant que rebelle, que Jade s'était éteinte à seulement 14 ans.
—Jade ? demandais-je en entrant dans notre maison. Je suis rentré et j'ai une surprise pour toi !
J'étais heureux de rentrer ce soir là, je passais une journée mystique. La Valentinstag, une fête originelle que les tréfonds tenaient à fêter. On offrait des chocolats à ceux qu'on aimait, mais étant donné la pauvreté dans laquelle nous étions enfermés, nous offrions ce que nous pouvions.
Pour ma part, j'avais offert un joli ruban à Hazel, elle en avait été très heureuse. Je voulais en offrir un semblable à Jade, je savais qu'elles s'appréciaient beaucoup. Jade prenait Hazel pour une sorte de grande sœur, elle prenait exemple sur elle, ce qui incluait son narcissisme. Malgré l'ambiance de fête, une mystérieuse boule se forma dans mon estomac, l'odeur était infecte. J'ai dû mettre ma manche à mon nez pour éviter cette odeur tellement c'était infâme.
—Tu as encore essayé de cuisiner ? Je t'ai dis que je pouvais le faire, tu fais des plats vraiment atroces Jade. déclarais-je en m'avançant un peu plus dans la maison.
Le salon était vide et je haussais un sourcil, ce n'était pas habituel.
—Tu vas être contente, Hazel est revenue de mission, elle m'a donné des vêtements pour toi et devines quoi ? Ils sont tous pratiquement roses, je sais que c'est ta couleur préférée. tentais-je pour l'amadouer à venir me voir.
Je rentrais dans sa chambre. Mon cœur s'arrêtant. Mon estomac se retournant. Je me stoppais pendant dix longues secondes qui me paraissaient éternelles.
Jade était là, sur le sol, la gorge gonflée, son corps en transe, son thorax ne se relevait pas, des légers spasmes faisaient couler le sang de sa bouche sur le sol. L'odeur était putride, ses yeux étaient éteints. Une véritable scène d'horreur.
—Jade ? demandais-je.
J'avais perdu la notion du temps, les secondes défilaient et pourtant je restais pantois devant cette vision qui me donnait des nausées. J'avais envie de vomir, l'odeur me prenait et je voulais partir.
—Jade ? Ma puce...Lève-toi aller !
Je me jetais au sol, rampant presque dans son sang jusqu'à son corps, incapable de rester debout plus longtemps. Je pris sa tête entre mes mains, son sang tachait mes vêtements, mes mains et ma peau.
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Ô 𝐉𝐎𝐋𝐈 𝐏𝐀𝐎𝐍
ActionLe vilain et le héros sont seulement deux âmes tourmentées d'une manière opposée. Un futur sombre et peint d'un égoïste sans fin s'ouvre à vous dans ces mots. Si je vous disais, que tous les arts sont interdits, bannis, rejetés. Que feriez-vous...