𝐂𝐇𝐀𝐏𝐈𝐓𝐑𝐄 𝟐𝟏

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HAZEL

10 mai 2054. Café Rosvlina.

Jamais je n'osais me trouver jolie lorsque j'étais enfant. Personne ne me disait jamais que je l'étais alors j'ai fini par oublier que je pouvais devenir magnifique. C'en était tellement triste, je me sentais peinée pour cette moi d'il y a dix ans. Mais à présent, je pouvais le dire, le crier sur tous les toits; je suis belle. Sous tous les angles, sous chaque regard même les plus hautains et méprisant je me trouvais belle. J'avais évolué, j'avais travaillé, j'avais accepté. Ça m'avait pris tellement de temps, tellement d'années mais j'y suis parvenue.

Alors, quand j'entendais ces hommes, ces femmes, chuchoter, rire, trembler lorsque Beth passait seulement devant eux, je me forçais à ne pas intervenir. Je ne le faisais pas car elle me l'avait demandé quelques jours plus tôt. Je pouvais comprendre dans un sens, mais de l'autre ça m'enrageait de la voir trimer chaque jour pour se faire accepter. Lors de mes patrouilles de surveillance, je la voyais aider des marchands à installer leur matériel sur les stands, je la voyais arroser les plantes devant une maison familiale, je la voyais même nettoyer le parquet de ce café où je m'étais assise.

Elle faisait tout sous les rires et les moqueries, mais elle gardait la face, elle se relevait toujours, elle disait toujours merci à celui qui avait demandé ses services. Enfin, demander était un grand mot, on lui ordonnait et elle obéissait car elle voulait prouver qu'elle voulait faire le bien et les gens en profitaient.

Ces mêmes personnes qui n'avaient rien sans nous, ils profitaient d'un peu de distraction et de vengeance envers une femme qui venait directement de la surface. Je ne savais pas comment faire, qu'est ce que je pouvais faire pour l'aider; on ne fait pas taire les rumeurs du jour au lendemain, ce genre de choses prennent du temps, les idées des gens aussi, leurs préjugés, leurs peurs, tout ça ne disparaîtra jamais réellement, ça restera toujours une part d'eux, une part de haine qu'ils éprouvent pour les gens nés et vivants paisiblement à Vienne.

Ils avaient tous tort, leur haine était justifiée, leurs actes et paroles envers Beth-Anne en revanche ne l'étaient pas. Elle n'avait pas créé ces lois, elle n'avait pas créé ce système, ce n'était pas elle qui les avait réduit à vivre sous terre. Mais à tout homme il fallait un sous-fifre et eux avaient décidé que ça allait être elle.

Car elle venait de Vienne, car elle était policière, car elle n'avait pas agi comme elle aurait dû selon eux. Tellement d'arguments tous plus débiles les uns que les autres. Ça me dégoûtait tellement. Elle se démenait pour eux, ils ne faisaient que l'insulter.

—Beth-Anne ! s'écria une petite voix qui venait d'entrer dans la bâtisse.

Je reconnu immédiatement Caleb de part sa petite carrure et de part sa voix toujours enthousiaste. Beth se redressant, toujours à genou sur le sol qu'elle était en train de laver ardemment. Je l'avais vu en rentrant, elle avait l'air épuisée, les cernes se dessinaient sous ses yeux et malgré cela, elle restait concentrée sur ses tâches.

—Tu m'as promis de venir avec moi pour aller à la bibliothèque pour choisir mon nouveau livre !

Je ne voyais pas vraiment le visage de Beth mais je l'entendis soupirer.

—Je suis désolée Caleb, mais là je ne peux pas, une autre fois d'accord ? s'excusa-t-elle, sa voix gardait toujours ce petit brin d'innocence qu'elle avait la première fois que je l'ai rencontrée.

L'enfant fut déçu mais acquiesça avant de me voir et de venir près de moi.

—Pourquoi elle fait plein de trucs bizarres comme ça ? me demanda-t-il en pointant la tâche méticuleuse de Beth.

Ô 𝐉𝐎𝐋𝐈 𝐏𝐀𝐎𝐍Où les histoires vivent. Découvrez maintenant