BETH-ANNE
Courir n'avait jamais été si rude pour moi. Pourtant, j'avais couru des kilomètres lors de mon entraînement dans la police. Le souffle court, les jambes tremblantes et le goût du sang qui inondait mes papilles. C'était un sentiment addictif et pourtant je ne m'y étais jamais habituée.
Je détestais courir.
Hazel courrait plus vite que je ne l'avais jamais vu faire, moi à sa suite tout aussi concentrée. C'était une dernière mission et elle allait devoir être rapide, précise et personne n'allait devoir être dissipé de son rôle ; car si cela arrivait, tout tomberait à l'eau.
Nous frayant un chemin à travers les ruelles reculées de la ville que je connaissais par cœur, Hazel et moi courrions à en perdre un poumon. Nous devions être les plus rapides possibles, les plus discrètes, les plus efficaces.
Hazel s'arrêta au coin d'une ruelle, la dernière. Alors que j'allais prendre les devants, mon amie me stoppa soudainement d'un pas assuré.
— Tu devrais me laisser prendre l'arme, Beth. Tu n'es pas en état de te battre à mort aujourd'hui. lança-t-elle d'un ton sévère.
Ma poigne se resserrait presque instinctivement sur mon arme que je portais dans ma main droite. Une habitude que je n'étais pas sereine d'avoir. Une arme signifiait devoir tirer à n'importe quel moment, c'était devoir blesser en guise de reflex pour éviter la mort. J'avais peur de mourir, j'étais une vraie froussarde en ce qui concernait la fin de ma propre vie.
Pourtant, j'étais proche de la mort, je m'étais toujours trouvé assez intime avec elle. La côtoyant chaque jour sans pour autant la connaître par moi-même. Il y a des semaines de cela, j'attendais encore qu'elle vienne me parler.
Moi qui n'avais rien accompli, je voulais au moins qu'on sache que j'étais là en ce jour, en ce premier jour de rébellion, j'étais là, j'étais présente et je me battrais pour ça. Pour Caleb. J'avais envie de venger ce petit qui avait toute la vie devant lui. Pour les dix milliers autres Caleb qui ont souffert ces dernières années.
Pour toutes ces femmes qui n'ont pas la joie de vivre en toute sérénité et en toute indépendance. Pour toutes les Hazel qui vivent en ce monde.
— Non. Ça ira.
Son regard voulait tout dire ; elle ne me sentait aucunement capable de tenir une arme contre un être humain. Elle me croyait défaillante émotionnellement. Elle me croyait incapable de me battre et de blesser. Et dans le fond, elle n'avait pas tort à cent pour cent. Je le sentais à travers tout mon corps : je tremblais des mains, ma respiration était rapide et le stress était à son paroxysme.
Néanmoins, ça ne m'empêchera en rien d'atteindre mon but. Ce pour quoi j'avais tant souffert. Car oui, je l'assumais enfin : j'avais souffert, des milliers de gens avaient souffert. Je ne pouvais plus cacher cette souffrance, j'avais besoin de l'assumer, j'avais besoin de la venger. J'avais besoin de l'arrêter.
— Allons-y. dis-je.
***
Devant nous se tenait la magnifique Tour du Cardinal. Bâtiment emblématique du Vème Régime de Vienne. Bâtiment qui signait toute loi, toute règle, tout manuscrit à ce système. Il était notre cible, il était là où le plan commençait pour nous. Là où tout allait se jouer. Au dernier étage, les escaliers étaient les plus sûrs, c'était à cet étage où se faisait la connexion et le transfert de données de l'antenne internationale.
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Ô 𝐉𝐎𝐋𝐈 𝐏𝐀𝐎𝐍
AcciónLe vilain et le héros sont seulement deux âmes tourmentées d'une manière opposée. Un futur sombre et peint d'un égoïste sans fin s'ouvre à vous dans ces mots. Si je vous disais, que tous les arts sont interdits, bannis, rejetés. Que feriez-vous...