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Chapitres 11









𝗣𝗿𝗲́𝘀𝗲𝗻𝘁.
8 𝗮𝗻𝘀 après la tragédie.
𝘙𝘢𝘳𝘦 𝘌𝘻𝘦𝘬𝘪𝘦𝘭 𝘔𝘤𝘭𝘢𝘯𝘨𝘭𝘦𝘺





05h30.

C'est l'heure à laquelle je me lève tous les jours, sans exception. C'était l'heure à laquelle j'étais obligé de me lever là-bas, et maintenant c'est devenu un automatisme. Mon cerveau n'a plus besoin de réveil. Et comme tous les jours, je suis minutieusement la même routine à la seconde près.

Je me lève, fais mon lit, et pars dans la salle de bain avec une limite de temps de sept minutes que je ne dois pas dépasser. Chaque geste est réfléchi : me brosser les dents, me raser, prendre une douche rapide. Ensuite, je m'habille en deux minutes, enfilant chaque pièce avec une précision presque mécanique. Je prépare mon sac de sport, vérifie son contenu une fois, puis sors de ma chambre.

À cette heure-ci, cette aile du manoir est déserte, contrairement à l'étage inférieur où le personnel de la maison est déjà en mouvement. Je descends et rejoins la cuisine, où je suis accueilli par un grand sourire de Brenda.

Bonjour, Rare.

Je lui souris en retour, une réponse sans parole qui est devenue notre routine. J'attrape une pomme et me dirige à l'autre bout de la maison pour ma séance de sport quotidienne. Deux heures et demie, ni plus ni moins. Chaque mouvement est calculé, chaque minute est planifiée. Après la séance, je prends une seconde douche rapide puis me rends dans la salle à manger accueillir mes enfants, dès l'instant où ils perçoivent ma présence ils se ruent à mes pieds réclamant mon attention, je m'abaisse à leur niveau et les caresses les un après les autres. Knight me les a offert, ils disaient que je me sentirais moins seul, quand lui devra retourner au travail et que je me retrouverai seul à la maison, et il n'a pas eu tords, ses trois chiens me tiennent compagnie.

Ce sont des Dobermans, d'abord il y a Snow, il est albinos, ses poils sont blonds, ses yeux sont clairs et c'est le plus énergique ; King, ses poils sont noirs, et c'est le mieux dressé des trois, mais également le plus calme; Light, est brun et comme sont nom l'indique j'ai moi-même du mal à le garder sur place tellement il est rapide, il en fait qu'à sa tête et aime influencer Snow dans ses bêtises.

Je m'installe ensuite sur ma chaise, mon repas est déjà posé sur la table. Chaque jour, c'est le même menu : deux morceaux de poulet, des carottes coupées en rondelles (et seulement en rondelles) et du riz. Je ne peux rien manger d'autre. Premièrement, parce que je n'y arrive pas, et deuxièmement, parce que mon estomac le rejette à force d'avoir des années à ne manger que cela. À côté de ça, j'ai des perfusions à faire deux fois dans le mois pour combler les carences.

Parfois, j'ai l'impression de passer plus de temps à l'hôpital qu'ici, entre, les examens de santé, mes rendez-vous chez le psychiatre et les plusieurs thérapeutes qui me suivent. Depuis ma sortie de psychiatrie, il y a un an, je redécouvre le monde en même temps que je me redécouvre moi-même, ce n'est pas toujours évident pour moi, il y a trop de changements et de choses à enregistrer, et puis à côté de ça, je manque cruellement d'autonomie, je ne survivrai pas deux jours si on me laissait ici seul. J'ai perdu toute les bases. J'essaie de faire de mon mieux et ne pas être un poids pour mon frère mais c'est compliqué. Je me demande comment je faisais avant.

C'est comme si chaque jour était une tentative de reprendre pied, de retrouver un semblant de normalité, d'équilibre. Mais la vérité, c'est que je me sens souvent perdu dans un monde qui semble avoir avancé sans moi. Et malgré tout le soutien et l'amour de ceux qui m'entourent, une partie de moi se demande constamment si je parviendrai jamais à me sentir entier à nouveau.

   Bonjour, Rare, et bon appétit.

Je me retourne et vois Ace entrer dans la salle à manger avec un café à la main. À défaut de ne pas parler, je souris énormément. C'est ce qu'on m'a conseillé pour paraître plus avenant.

   Comment tu te sens aujourd'hui ? Demande-t-il.

   Bien merci. Signe-je avant de prendre une bouchée de mon repas.

Ace hoche la tête, mais je vois qu'il n'est pas convaincu. Il sait que mes réponses sont souvent superficielles.

   Ton frère n'a pas fermé l'œil de la nuit, ça fait deux jours qu'il est sous nuit blanche, me dit-il avec inquiétude.

Je fronce mes sourcils de préoccupations. Knightley a un gros problème avec le travail. Je sais bien que c'est très important pour lui et qu'il cherche à se surpasser mais son dévouement frôle l'autodestruction. Il ne fait pas de pause, il enchaîne tout de manière inhumaine, il se donne corps et âme à tout ce qu'il fait même les choses les plus futiles.

Je regarde l'heure, encore trois minutes et je pourrais sortir de table.

   Où est-il maintenant ? Demandé-je à Ace.

    Dans son bureau, répond-il en soupirant. Il refuse de voir qui que ce soit.

Je fixe ma montre, observant les secondes défiler. Allez ! Je meurs d'impatience. Finalement, le temps écoulé. Cinq minutes. Je me lève d'un bond et me dirige vers le bureau de Knightley. En arrivant à la porte, j'hésite un instant avant de frapper doucement. Pas de réponse. J'ouvre lentement la porte et le trouve assis à son bureau devant son ordinateur, entouré de piles de documents avec le même costume que hier. Lorsqu'il lève les yeux vers moi, je peux voir la fatigue dans son regard.

   Salut. Dit-il simplement.

  Tu ne dors pas ? Demandé-je, inquiet.

  J'ai du travail.

Je vois la tension sur son visage.

  Tu travailles trop.

   J'ai pas le choix.

—  Embauche quelqu'un pour t'aider. Insiste-je.

   C'est déjà le cas, marmonne-t-il en se passant une main sur le visage. Mais personne ne peut tout gérer à ma place.

Je secoue la tête pour soulever mon désagrément.

T'es entrain de t'épuiser.

Il ne veut pas entendre ce que j'ai à dire. Je remarque les traits de sont visage se durcir alors qu'il tente au mieux de rester calme. Il n'est clairement pas d'humeur à discuter.

  Je vais bien, dit-il avec une voix rauque.

  T'es sûr ?

  Je vais bien, Rare. Parfaitement bien, répond-il avec une pointe d'irritation avant de se lever brusquement pour sortir de la pièce.

Je le suis dans le couloir, essayant de le rattraper. Il entre dans sa chambre et claque la porte derrière lui à mon nez, me laissant seul dans le couloir. Je reste devant, hésitant, puis je décide d'attendre : 10 minutes ; 20minutes ; 30 minutes.

Finalement, il rouvre la porte.

  Sérieusement ? Dit-il avec un soupir.

    T'es en colère contre moi ?

   Non.

     Alors c'est quoi le problème ?

   Je suis fatigué, c'est tout.

Je le regarde, sentant que ce n'est pas toute la vérité, mais je décide de ne pas insister pour le moment. Knight est comme ça, il garde toujours tout pour lui.





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Silent after the storm Où les histoires vivent. Découvrez maintenant