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Chapitres 4•





𝐏𝐚𝐬𝐬é
𝟱 𝗮𝗻𝘀 après la tragédie.
𝘒𝘯𝘪𝘨𝘩𝘵𝘭𝘦𝘺 𝘚𝘢𝘨𝘦 𝘔𝘤𝘭𝘢𝘯𝘨𝘭𝘦𝘺

L'adrénaline pulse dans mes veines alors que je franchis les portes de l'hôpital privé accompagné d'une troupe d'hommes de sécurité, après être sorti du commissariat. Chaque battement de mon cœur résonne dans ma poitrine, mélangeant toute sorte d'émotion. J'ai l'impression que je pourrais vomir mes tripes à tout moment.

Quatre longues années se sont écoulées depuis sa disparition, quatre années de lutte acharnée, de nuits blanches hantées par la terreur de le perdre à jamais. Quatre années à me demander si tout se serait passé de la même manière si j'avais été là ; à me dire que j'aurais peut-être pu les protéger et, si ce n'était pas possible pour eux, au moins lui. Quatre années à me réveiller chaque matin en me disant que j'en ai encore des vingtaine à passer seul. J'ai eu de l'espoir pendant longtemps – ou du déni, qui sait ? – mais c'est ce qui m'a permis de continuer à vivre encore un peu.

Qui l'aurai cru ? knight séparer de son frère ?

Mr. McLangley ? Un médecin s'interpose dans ma course.

Où est-il ? Je demande précipitamment.

Votre frère a été admis en soins intensifs. Il a été retrouvé inconscient. Son état est critique, mais nous faisons tout notre possible pour le stabiliser. Vous p... Il tente de terminer sa phrase.

Je veux le voir. Je dois le voir.

Quand tout sera terminé, vous pour... Il est de nouveau interrompu par mon urgence.

Êtes-vous sûr que c'est lui ? Je demande d'une voix tremblante. Et s'il y avait erreur ?

Tous les tests ADN confirment son identité, répond-il avec une assurance professionnelle. Je vais juste vous demander d'attendre dans la suite. Elle a été aménagée rien que pour vous. Je reviendrai vers vous dès que possible.

Je m'accroche à chaque parcelle d'espoir, mais les minutes semblent monstrueusement longues, chaque seconde est un supplice insoutenable. Je me sens impuissant, incapable d'agir, et je déteste ce sentiment. Ne pas avoir le contrôle sur les choses est une torture pour moi.











‧₊˚










Les opérations se sont bien déroulées, commence le médecin. Son état est un peu plus stable pour l'instant. Nous avons réussi à stabiliser ses signes vitaux, ce qui est un bon signe, mais il reste en coma. Malheureusement, il est impossible de dire quand il se réveillera.

Il marque une pause, cherchant visiblement les mots justes pour préparer à la suite.

Votre frère a subi de graves traumatismes. Nous avons constaté des fractures, des contusions, et des signes de malnutrition sévère. Dit-il. Il a énormément souffert durant ces quatre années. À son réveil, il aura besoin d'un long processus de réadaptation. Cela inclura de la physiothérapie pour retrouver une mobilité normale et très probablement de l'accompagnement psychologique pour surmonter
le traumatisme.

Il me regarde avec une sincérité qui perce à travers son professionnalisme.

    Sachez que nous mettrons tout en œuvre pour lui offrir les meilleurs soins possibles. Vous pouvez rester ici et attendre, ou nous appeler régulièrement pour des nouvelles. Votre présence sera essentielle pour son rétablissement, alors prenez soin de vous aussi.

Chaque mot a l'effet d'un poignard enfoncé dans mon cœur, mais je hoche la tête de la manière la plus calme possible. Moi, qui voulais tant le voir, à présent, je n'en suis plus si sûr. Je risque de m'effondrer en voyant mon frère dans cet état ; je ne peux pas supporter qu'il ait autant souffert et que je n'aie pas été là pour le protéger. Je lui avais toujours fait la promesse d'être à ses côtés, quoi qu'il arrive.

Merci, murmuré-je. Puis-je... puis-je le voir ?

Le médecin hoche la tête.

Vous pouvez le voir, mais je vous préviens, la
vue peut être difficile à supporter. Il est entouré de machines et de perfusions, tout cela fait partie de son traitement. Prenez votre temps. Dit-il avant sortir de la suite.

Je prends une profonde inspiration. Mon Dieu.

Je sors de ma poche et laisse un message vocal à Zion.

   Rendez-vous chez moi et récupérez le maximum d'affaires personnelles dont je pourrais avoir besoin. Annulez tous les rendez-vous importants en présentiel et assurez ma représentation pour les autres. Apportez-moi le matériel nécessaire pour le télétravail. Informez la direction de mon absence.

Je dépose mon téléphone avant de me lever du fauteuil et sortir de la suite exigeant à mes hommes de me laisser seul le temps de ma visite. Mes pas résonnent dans le hall au même rythme que mon cœur qui semble vouloir s'évader de ma cage thoracique.

Arrivée au seuil de sa porte, ma main se pose doucement sur la poignée, et l'angoisse me fait à peine tenir sur mes jambes. Je reprends une dernière fois une grande inspiration avant de très lentement ouvrir la porte et entrer dans la chambre. La lumière  légèrement tamisée accentue l'atmosphère déjà lourdes de la pièce. Je fais un pas après l'autre ; chaque pas me rapprochant un peu plus de la réalité.

Je songe à rebrousser chemin mais il est déjà trop tard, je suis face à lui. Rare est allongé sur le lit, entouré de machines et de moniteurs qui surveillent ses signes vitaux, je le redécouvre après quatre ans.  Mes yeux parcourent son corps notant chaque signe visible de la souffrance qu'il a endurée :  son visage enflé est presque méconnaissable, des ecchymoses couvrent ses joues, et des coupures soigneusement suturées sont visibles un peu partout sur celui-ci, sa peau, habituellement bronzée est pâle, ses yeux sont clos, et une multitude de bandages couvrent son corps. Des tubes sont insérés dans son nez et sa bouche, et un masque à oxygène aide sa respiration laborieuse. L'image est insoutenable.

Ma main se plaque aussitôt sur ma bouche étouffant un sanglot. Je m'accroche à la rambarde du lit pour
me soutenir, les jambes tremblantes sous le poids de l'émotion tellement la douleur est insupportable. C'est tellement injuste ! Je prends délicatement sa main dans la mienne, sentant la maigreur de ses doigts sous mes paumes et la serre fort, assez fort pour qu'il sente que son grand frère est là, avec lui.

Rare, murmuré-je. C'est moi, Knight. Je suis là maintenant.

Je ferme les yeux un instant, laissant les souvenirs de notre enfance ensemble me submerger. Une larme roule sur ma joue, mais je l'essuie rapidement. Je dois rester fort pour lui.

Je suis désolé de ne pas avoir été là plus tôt. murmuré-je à nouveau. Je te quitterai plus jamais.


5 🂥.

Silent after the storm Où les histoires vivent. Découvrez maintenant