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Chapitres 7




𝗣𝗿𝗲́𝘀𝗲𝗻𝘁.
8 𝗮𝗻𝘀 après la tragédie.
𝘙𝘢𝘳𝘦 𝘌𝘻𝘦𝘬𝘪𝘦𝘭 𝘔𝘤𝘭𝘢𝘯𝘨𝘭𝘦𝘺




C'est toujours "Qu'est-ce qui t'est arrivé là-bas ?" ; "J'ose pas imaginer ce que tu as dû vivre" ou "Tu n'es plus le même qu'il y a cinq ans" en boucle depuis mon retour. Des questions et affirmations redondantes dont je pourrais me passer. Cette grossière curiosité mal placée déguisée en fausse sympathie.

Tout ceci confirme ma théorie sur l'ignorance des humains. Ça fait un bon moment maintenant, et personne n'a décrété que ce n'était peut-être pas intelligent de me rappeler mon passé toutes les cinq secondes. C'est comme se goinfrer de cochonneries tous les jours devant une personne au régime et s'attendre à ce qu'elle ne flanche pas. C'est ce que je ressens à chaque fois que cette histoire refait surface tandis que je livre un combat intérieur pour l'enfoncer le plus loin possible de ma tête.

D'une certaine manière, je sais que quoi que je fasse, je n'oublierai jamais. Comment oublier ce genre de souffrance, marquée au fer rouge dans l'âme ? Elle est omniprésente. Lorsque je ferme les yeux, au creux de mon oreille, à chaque battement de cœur, au plus profond de mes pensées. Elle ne me laisse aucun répit et me poursuit où que j'aille. Elle force camaraderie, s'imprègne de moi, me domine, et nous ne faisons plus qu'un désormais.

Elle me dirige comme une vulgaire marionnette, elle joue de moi et me tourne en bourrique. Puis, faible être que je suis, j'exécute ses ordres sans rechigner.
Je lui appartiens, tout entier. Le tourment en reine et moi, son serviteur favori. Alors lorsqu'elle me dit de me taire et de ne plus jamais dire un mot, pauvre larbin que je suis, je tombe à ses pieds et j'obéis. Je ne peux aller contre elle ; elle est comme une lame à double tranchant, aiguisée et pointue. Comme un ouragan dont le vent violent traverse les océans et détruit tout sur son passage. Elle me terrifie. Elle se divertit de mes souvenirs traumatiques et m'empoisonne avec sans mesure.

Je la méprise au plus haut point, mais elle insiste pour faire accompagnante de route et malgré moi, je me sens moins seul dans cette course car elle en sait autant que moi. On partage la même mémoire.

— Rare ! Me chuchote mon frère, me faisant sursauter et sortir de mes pensées.

Je tourne la tête vers lui.

— Tu vas bien ? Demande-t-il, les yeux remplis d'inquiétude.

J'hoche doucement la tête, même si la vérité, c'est que je ne me rappelle plus d'un seul instant, aussi minime soit-il, où je me suis senti bien. Pourtant, je sais que c'est arrivé avant tout ça, mais c'est comme si mon cerveau, trop lourd, ne pouvait plus retourner plus loin qu'il y a quatre ans.

Si tu veux qu'on arrête, dis-le.

Je secoue la tête.

T'es sûr ?

Je le regarde dans les yeux, essayant de cacher la tourmente intérieure qui me hante.

   T'es sûr ? Il demande une seconde fois.

J'hoche une fois de plus la tête. Mais ça ne l'empêche pas de se lever et d'interrompre la réunion.

   Pause de 15 minutes. Ordonne t-il avant que tout le monde ne se lève et sorte de la pièce nous laissant seuls.

Il tourne son regard vers moi et doucement son masque de leader impitoyable perfectionniste disparaît et ses traits s'adoucissent.

   T'as pris tes comprimés ? Demande-t-il.

Silent after the storm Où les histoires vivent. Découvrez maintenant