036.

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Chapitres 36 









𝐏𝐚𝐬𝐬é
𝟱 𝗮𝗻𝘀 après la tragédie.
𝘒𝘯𝘪𝘨𝘩𝘵𝘭𝘦𝘺 𝘚𝘢𝘨𝘦 𝘔𝘤𝘭𝘢𝘯𝘨𝘭𝘦𝘺.




« 𝙁𝙡𝙖𝙨𝙝𝙨 𝙣𝙚𝙬𝙨 !
𝙐𝙣 𝙢é𝙙𝙚𝙘𝙞𝙣 𝙧𝙚𝙩𝙧𝙤𝙪𝙫é𝙚 𝙢𝙤𝙧𝙩 𝙙𝙖𝙣𝙨 𝙙𝙤𝙢𝙞𝙘𝙞𝙡𝙚—»

J'éteins la télévision d'un coup sec. C'est le quatrième meurtre en moins de six mois. Et tous ces morts ont eu, à un moment ou un autre, Rare comme patient. D'abord, c'était l'infirmière, ensuite la psychologue, puis l'infirmier, et maintenant le médecin. Au début, je voulais croire à une coïncidence. Une étrange série de malchance, peut-être. Mais maintenant, je n'ai plus aucun doute : il se passe quelque chose de bien plus sombre dans cet hôpital. La police est intervenue, plaçant l'établissement sous une enquête mais ça ne mène nulle part.

Quand les premiers meurtres ont commencé, j'ai immédiatement pensé que les malfaiteurs de Rare étaient revenus pour s'en prendre à lui. L'idée m'était insupportable. La panique m'a poussé à envisager de le faire transférer dans un autre hôpital, même si cela signifiait quitter l'État. Mais Rare m'a supplié de rester, prétendant qu'il se sentait bien là-bas. J'ai alors utilisé ma position pour faire pression sur la police, les obligeant à intensifier leurs recherches pour trouver le coupable. Mais ils sont incapables de relier les meurtres. Les causes de la mort sont toujours différentes, comme si plusieurs personnes étaient impliquées, chacune avec sa propre méthode. De mon côté, j'ai fait appel à tous mes contacts, cherchant des réponses, mais en vain. « Rien ». C'est ce qu'on m'a dit. Et « rien », venant de ceux que je considère comme des experts, c'est une réponse que je n'avais jamais entendue auparavant.

La peur me rongeait de l'intérieur. Chaque nuit, je redoutais le moment où mon téléphone sonnerait pour m'annoncer que cette fois la victime était Rare et que je me retrouverais une fois de plus, seul, sans personne, sans famille. Mes nuits étaient longues et blanches, je ne fermais pas un œil, essayant de trouver un sens à tout ce merdier. Un jour, j'ai décidé d'en parler à Rare. J'avais évité de le faire jusqu'ici, pour ne pas raviver ses traumatismes. Mais sa réaction m'a glacé le sang. Il s'en fichait complètement.
Et ça, ça ne ressemble pas à mon frère. Rare est sensible, profondément affecté par le malheur des autres. Jamais il n'aurait pu réagir de cette façon. Jamais. Mais il m'a regardé avec une indifférence qui m'a fait froid dans le dos. Il n'a rien dit, n'a montré aucune émotion.

Cette indifférence m'a poussé à le surveiller de plus près. J'ai commencé à lui rendre visite plus fréquemment, à le scruter, à chercher dans ses gestes et ses paroles une trace de celui qu'il était. Mais plus je le regardais, plus je passais de temps avec lui, moins je le reconnaissais. Une même phrase tournait en boucle dans ma tête : « Ce n'est pas mon frère ». J'avais l'impression qu'on me l'avait retiré puis pour apaiser ma peine, redonner une autre copie de lui totalement différente.

Il agissait de manière tellement étrange, et malgré les assurances des médecins que c'était un comportement normal après tout ce qu'il avait traversé, je ne pouvais m'empêcher de penser que quelque chose clochait. Je le connaissais mieux que personne, et je savais que ce n'était pas "normal". Il y avait une froideur, une distance qui n'avait jamais été là avant.

Lors d'une de mes visites à l'hôpital, j'ai décidé de suivre mon intuition donc je l'ai questionné. Je ne m'attendais à rien en retour, c'était juste une question lancée dans le vide, histoire d'apaiser mon esprit.

T'as déjà tué quelqu'un ?

Le silence qui a suivi a été épouvantable. Rare m'a regardé avec une intensité qui m'a secoué. Je ne sais pas ce que j'attendais comme réponse, mais certainement pas ce qu'il m'a donné. Il a laissé planer le silence, si longtemps que j'ai cru qu'il n'allait jamais répondre.

Silent after the storm Où les histoires vivent. Découvrez maintenant