Des Couleurs plein le Coeur |MHA|

Chapitre 1 - Un logo doré

« — Revenons un peu sur votre parcours, si vous le voulez bien. Quel lycée héroïque avez-vous arrosé de votre gloire montante ?

— Aucun. Je n'ai pas appris à être une Héroïne. J'ai choisi de l'être. C'est tout. »

- Extrait d'une interview d'Empathy, émission "Au plus près des Héros"

Herbe verte. Cerisiers roses. Portail blanc. Mara prit une profonde inspiration, se balança d'une jambe à l'autre et serra plus fort encore son sac de courses vide sur sa poitrine. Au bout de trente secondes de délibération, elle avança d'un pas et franchit la ligne invisible qui séparait son jardin du trottoir.

Herbe verte. Le vert, c'est une bonne couleur, sereine et porte-bonheur. Concentre-toi dessus, Mara. Tu en as pour une demi-heure. Quelques courses, un aller-retour, qu'est-ce qui peut déraper ? C'est toi qui l'as choisi, souviens-toi. Tu voulais sortir, tu es sortie.

Ses yeux volaient d'un coin vert à l'autre. Les tiges des fleurs qui débordaient de pots d'argile, les carrées de pelouse des voisins, ici, une affiche annonçant l'approche d'un concert amateur et au bout de dix minutes, la devanture de l'épicerie, fond vert forêt sur lettres blanches.

— Bonjour, murmura-t-elle en franchissant les portes automatiques.

— Ah, mademoiselle Sazaka, bonjour ! Je vous attendais. Comme d'habitude, c'est ça ?

Mara opina du chef, concentrée à détailler les sachets de chewing-gums et de bonbons aromatisés à la menthe. Verts. Le froissement des sachets et des emballages cartons que l'on transvasait, familier, la rassurait. Tout se passait comme d'habitude.

— Et voilà ! déclara le vendeur en poussant le sac désormais plein vers elle. Passez le bonjour à votre père !
— Merci, répondit-elle du bout des lèvres.

Et elle fila sans demander son reste, un sac de courses plein au bout d'un bras. Sa victoire hebdomadaire, si mince et pourtant si importante, lui arracha une ombre de sourire fier. Elle s'autorisa à s'attarder sur les autres couleurs qui parsemaient son monde qui se résumait à une rue résidentielle en ligne droite sur un kilomètre : les pétales roses des cerisiers en fleurs, la peinture blanche neuve des marquages de la route, le vert croisé à l'aller et le ciel d'un bleu uni et parfait au-dessus de sa tête.

C'était une bonne journée. Une journée où elle se sentait prête à tout essayer. Peut-être que si elle en avait le courage, elle parlerait à son père de son envie d'envoyer son dossier dans de vrais lycées, des lycées en présentiel. Pas des très grands, ni de très réputés, avec des classes à faible effectif, par exemple.

Des lycées pour des élèves comme elle, qui ne suivaient que des cours à domicile depuis aussi loin qu'ils s'en souviennent. Mara en avait trouvé un, pas très loin, une véritable aubaine. Peut-être qu'un lycée comme ça, ça lui conviendrait.

Sa meilleure amie avait eu le courage de postuler à UA. Elle, elle pouvait bien avoir le courage de postuler pour un lycée presque normal. Non ? Elle ne serait jamais héroïne comme sa mère, elle s'était faite une raison, mais peut-être que ça, avoir une vie normale, c'était à sa portée.

Son Alter n'avait pas refait des siennes depuis des années. Pas une trace de ses émotions d'un noir d'encre. C'était un signe qu'elle était prête, non ?

En arrivant chez elle, elle s'arrêta devant la boîte aux lettres pour récupérer les quelques enveloppes et magazines égarés. Rien qui ne la concerne ou qui... Mara s'arrêta sur le logo familier qui ornait l'un des courriers. Familier, car qui ne connaissait pas les lettres dorées U et A qui s'entrecroisaient pour dessiner le logo du lycée héroïque le plus réputé du pays ? Tous les meilleurs héros du Japon étaient passés par là.