Des Couleurs plein le Coeur |MHA|

Chapitre 13 - Un coeur brisé rouge sang

« Savoir deviner la teneur d'un Alter mental en une seconde est une nécessité. Ils sont insidieux et c'est ce qui effraie la majorité du public. Lorsqu'on comprend l'astuce, il est souvent trop tard.

Fort heureusement, à quelques exceptions près, ils fonctionnent majoritairement de la même manière : par la vue, le toucher, l'ouïe ou en zone d'influence fixe. Démonstration. »

- Extrait des carnets d'Empathy, série « Alters »

Le groupe d'adolescents se resserra, tous dos à dos. Le cœur de Mara pulsait en violet, prêt à lui sortir de la poitrine. La respiration saccadée d'Eyden, collée contre elle, ne l'aidait pas à se calmer. Elle faisait face à Halo, ses cheveux blancs négligés cascadant sur ses épaules amaigries. Depuis l'arrivée de Manterouge, la main qu'il tenait contre son cœur était retombée mollement le long de son corps comme si toute velléité de fuir l'avait quitté.

— Ces Héros ont besoin d'aide et n'ont aucune envie de repartir avec vous ! scanda Emiko. Laissez-les tranquilles !
— Ne jouez pas à l'Héroïne que vous n'êtes pas encore, rétorqua Manterouge. Ce Héros n'a pas non plus envie de repartir avec vous. Vous en revanche, êtes libres de partir quand vous le souhaitez.

Une phrase qui n'était pas sur la liste des choses que Mara aurait un jour pensé entendre de la bouche d'un Vilain. Cela ne l'aidait pas à se sentir rassurée. Au contraire.

Lorsqu'Elynn leva une main dans l'espoir d'attirer Harpy vers elle, celle-ci s'écarta d'un pas, le regard absent. Comme si, effectivement, elle ne voulait pas s'enfuir.

— Et vos deux copains planqués dans les arbres, ils vont me laisser partir aussi peut-être ? répliqua Emi sans se laisser démonter.
— Pourquoi ne le feraient-ils pas ? Ils sont même prêts à vous escorter le temps que nous terminions nos affaires.
— Tuer des Héros, peut-être ?
— Pourquoi voudrions-nous tuer des Héros ? Ces braves gens sont toujours plus utiles vivants que morts.
— Parce que ce n'est pas vous qui semez des cadavres partout dans le pays ?
— De regrettables accidents, vous en conviendrez.

Mara sursauta lorsqu'Elynn lui effleura le poignet et Eyden l'imita. Elle murmura à toute vitesse :

— Kowano, dès que tu le sens, pars chercher du secours à l'école. Emmène Sazaka avec toi, elle n'y connait encore rien. Emiko et moi, on peut essayer de les retenir en attendant. On a notre permis provisoire, on peut leur tenir tête.
— Si Emi a raison, ils sont au moins trois ! protesta Mara à voix toute aussi basse. Et vous avez aussi les Héros à protéger ! Vous n'avez aucune chance !
— Peut-être, mais si on doit se rajouter vous deux à protéger, ça ne va rien changer et personne ne viendra nous aider !
— Mademoiselle Maha, ne vous donnez pas cette peine, les interrompit Manterouge. J'ai dit que vous pouvez partir, c'est doublement vrai pour vous. Nous n'avons aucun grief envers vous ou vos parents, et nous ne voulons en aucun cas nous les mettre à dos.

Elynn gela sur place à la simple mention de sa famille. Eyden lui jeta un coup d'œil inquiet, l'incertitude transpirant par tous les pores de sa peau. Ni Halo, ni Harpy n'esquissaient le moindre geste. Aucune émotion ne transparaissait sur leur visage, pas une once de peur, ni de révolte. « Mal au cœur, mal au cœur », répétaient-ils inlassablement.

— Comme je vous l'ai dit, nous ne cherchons pas à vous faire de mal. Deux d'entre vous ne nous sont d'aucun intérêt particulier, mademoiselle Maha provient d'une famille que nous ne cherchons pas à offenser et par respect pour Empathy, je ne m'en prendrai pas à sa fille.

La respiration de Mara se bloqua dans sa gorge à l'entente de l'alias de sa mère. Une tache noire remua dans son champ de vision et elle fit de son mieux pour ravaler son Alter et se concentrer sur autre chose. Elle se tourna lentement vers l'homme en rouge.