Chapitre 28 - Plus qu'un vert canard

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« Sérénité me considère comme sa mentor. Cette perspective m'honore autant qu'elle me terrifie. C'est si difficile d'enseigner.

Parfois, je jalouse Vérité. Sa pédagogie est... brute de décoffrage, pour ne pas dire inexistante, mais quand je vois Sérénité s'améliorer à chaque heure qu'il passe avec lui, je me demande comment rester au niveau. »

- Extrait des carnets d'Empathy, série « Héros »

La tête de Mara bourdonnait toujours de vibrations colorées lorsqu'elle arriva au niveau de ses tribunes. Midoriya lui décocha un coup d'œil inquiet.

— Tu... Ça va aller ? demanda-t-il.

Mara hocha la tête. Mauvaise idée. Le bourdonnement ricocha contre les parois de son crâne pour mieux se répercuter de tous les côtés. Elle grimaça, prit une profonde inspiration et avec un peu d'hésitation, lâcha l'épaule de Midoriya contre laquelle elle s'appuyait.

— Je n'ai plus à me battre, je survivrai, répondit-elle, avant d'apercevoir Eyden.

Recovery Girl l'avait relâché de l'infirmerie, on dirait. Un pansement ornait sa tempe. Quant à Elynn, elle était déjà partie se préparer pour le duel à venir. Midoriya, lui, ne paraissait pas convaincu par sa réponse.

— C'est bon, je t'assure, sourit-elle. Eyden est là, entre éclopés, on va se soutenir !
— D'accord. Si tu as besoin... Ou même Kowano, bien sûr, ajouta-t-il précipitamment, n'hésitez pas.

Prudemment, Mara se détacha de son tuteur et glissa jusqu'à son siège. Eyden attendit qu'elle s'assoie avant de baisser les yeux au sol, l'air sombre. Il se triturait les mains avec préoccupation sans mot dire. Aussi habituel qu'inhabituel. Ses épaules ployaient sous une morosité plus lourde qu'à l'accoutumée.

Après avoir tout donné, avaler la défaite ne devait pas être évident ? En même temps, son parcours ne lui garantissait aucun stage... Un poids alourdit le cœur de Mara. Elle, elle n'avait pas à s'inquiéter. Ce n'était pas juste.

— Ça va ? demanda-t-elle d'une petite voix.
— Ça va, répondit-il d'un ton distant. Pas beaucoup, mais ça va.
— Tu t'es bien battu, tu as été super impressionnant, le réconforta-t-elle. Je suis sûre que tu l'auras ton stage.
— Peut-être. Je sais pas. J'espère. Mais ton duel... C'était un très beau duel.

Mara acquiesça. Elle essayait encore de s'en remettre. Ses bras frémissaient toujours de fatigue et des arcs-en-ciel dansaient dans son champ de vision. Elle revoyait Midoriya, illuminé de mille couleurs et ce blanc, ce blanc qui illuminait chacun de ses traits...

— C'est la fatigue qui t'a achevée ou c'est autre chose ? demanda Eyden. De loin, j'avais presque l'impression que ton Alter...
— J'ai senti du blanc, avoua Mara, une main pressée contre son cœur engourdi. Je ne sais pas comment ou pourquoi, je n'ai aucune idée de ce qu'il a fait, à part me drainer de toute mon énergie. Mais je l'ai senti.

Un blanc aussi splendide qu'écrasant. Aussi épuisant que le noir, mais tellement plus naturel, tellement moins douloureux, tellement... arc-en-ciel. Comme si toutes ses couleurs avaient un sens et que le noir n'en avait aucun.

— Oh, se redressa Eyden. C'est une bonne nouvelle, non ?
— Oui. Enfin, je crois ? On en discutera plus tard avec Midoriya, pour essayer d'y réfléchir.

La puissance de la couleur, son intensité écrasante, vibrait encore au creux de sa poitrine. C'était si étrange, de faire jaillir autant d'énergie d'elle-même... Sans que celle-ci ne cause le moindre mal, le moindre effet. Midoriya s'était avancée vers elle en la regardant droit dans les yeux. Ni aveugle, ni paralysé, ni affecté par le moindre mal.

Des Couleurs plein le Coeur |MHA|Où les histoires vivent. Découvrez maintenant