Des Couleurs plein le Coeur |MHA|

Chapitre 12 - Manteau rouge

« — Votre Agence, en plus de sortir du lot par le parcours de ses Héros et leurs Alters uniques en leur genre, brille également par la sobriété de ses costumes. Un choix de marque pour le moins audacieux. N'avez-vous pas peur d'être oubliable au milieu de ces Héros flamboyants ?

— Un choix mûrement réfléchi. Et durement discuté. Vérité est impitoyable en affaires.

— Oh ça, je crois que les agences marketings sont déjà au courant ! »

- Extrait d'une interview d'Empathy, émission « Au plus proche des Héros »

C'était la première fois que Mara invitait d'autres personnes qu'Emiko à la maison, et ça l'inquiétait un peu. Elle avait prévenu son père, qui, plus que ravi par la nouvelle, lui avait raccroché au nez pour se mettre aux fourneaux. Quand bien même ils ne seraient là que le lendemain. Mara le soupçonnait d'en profiter pour cuisiner des pâtisseries qu'il pourrait manger seul. La passion pour la cuisine d'Ichiro n'était surpassée que par sa passion pour manger ce qu'il préparait.

Mara avait alors confirmé à Emiko et ses deux nouveaux amis que c'était OK. Et donc, après un dimanche matin passé à s'entraîner avec leurs tuteurs respectifs pour certains, et à faire la grasse matinée pour les autres, Mara les entraîna avec elle.

Elle n'habitait pas si loin de UA, un trajet en métro suffisait pour s'y rendre en une petite vingtaine de minutes. Son quartier, un petit lotissement, permettait de respirer au milieu de la ville envahie par des immeubles. Les yeux d'Elynn brillaient de plus en plus au fur et à mesure qu'ils approchaient de chez elle, et Eyden, lui, tournait la tête dans tous les sens, comme pour mémoriser le chemin au cas où il aurait à s'enfuir précipitamment. Emiko, qui connaissait la route, avait pris la tête de leur petite procession et sautillait gaiement, sa queue battant l'air et ses cheveux bicolores virevoltant dans son dos.

— Et voilààà ! s'exclama-t-elle en s'arrêtant au niveau du portail de chez Mara. Et juste à côté, là, c'est chez moi ! Je vous laisse, je vais dire bonjour à mes parents. Surtout, laissez-moi à manger !

Et avant qu'ils ne puissent protester, la Dracomorphe s'était déjà élancée vers sa maison. Son « Je suis rentrée » fracassant résonna dans tout le voisinage et Eyden sursauta lorsque la porte claqua. Parfois, Mara se demandait comment la maison de sa meilleure amie avait fait pour tenir debout toutes ces années avec une telle furie comme habitante principale.

— Bon eh bien, voilà chez moi, les accueillit Mara en leur faisant traverser la petite allée pavée.

L'herbe s'infiltrait à travers les jointures en touffes de bonne taille et la pelouse aurait bien mérité d'être tondue, mais ils ne firent aucun commentaire. Eyden était trop poli et Elynn trop occupée à s'extasier sur la balançoire un peu rouillée pour y faire attention. Mara leur ouvrit la porte. Une délicieuse odeur de gâteau tout juste sorti du four les accueillit. Les narines d'Elynn palpitèrent, mais elle se retint de se jeter dans la cuisine.

— On est là, papa ! s'exclama Mara.
— Le timing est parfait ! répondit-il en sortant de la cuisine. Les gâteaux sont prêts. Emiko n'est pas là ?
— Elle arrive, elle passait dire bonjour chez elle.
— Très bien.

Ichiro, un tablier taché de chocolat et de farine passé autour du cou, dévisagea les deux autres adolescents.

— Je constate que tu n'as pas encore trouvé de camarade à ta hauteur, s'amusa-t-il, avant d'adresser un clin d'œil à Eyden. Encore un petit effort, mon garçon. Kowano, c'est ça ?

Eyden hocha timidement la tête et marmonna quelque chose comme « Je fais ce que je peux ». Mara grommela aussi. Ce n'était pas sa faute si elle tenait plus du gratte-ciel que de l'humain. Enfin, elle n'était pas sûre que sa taille gêne beaucoup Eyden, ce dernier avait très bien compris qu'elle formait un refuge idéal contre les regards. Et comme il n'était pas beaucoup plus épais qu'elle... En tout cas, dès qu'ils avaient le malheur de croiser Aizawa dans les couloirs, il avait pris l'habitude de se précipiter derrière Mara pour le regarder passer sans se faire remarquer. Un jour, elle lui demanderait ce qui les liait, mais l'occasion ne s'était pas présentée pour le moment.