Chapitre 2 - Des mèches bleues

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« Le jour où Sérénité est arrivé à l'agence, je me suis demandée comment j'ai pu tenir tout ce temps sans lui. Son Alter est une bénédiction. Toutes les émotions parasites, tout ce que j'absorbe au quotidien, il les fait taire d'un simple contact. Ne reste alors que l'essentiel : la foi inébranlable en mon métier et le bonheur infini que m'apporte ma famille. »

- Extrait des carnets d'Empathy, série « Héros »

Herbe verte. Cerisiers roses. Mara prit une profonde inspiration, se balança d'une jambe à l'autre et resserra ses doigts sur la lanière de son sac à mains pour s'empêcher de trembler. Sans grand succès. Envahie par une nervosité prune, Mara muselait à grand-peine son Alter.

Pense au lac, se dit-elle. Pense au lac Mara, et tout ira mieux. Cherche le vert.

— Ça va aller ! l'encouragea Emiko en lui frottant le dos. Je ne serais pas loin. Enfin, je serais en examen, mais je vais penser à toi tout le temps !
— Tu ferais mieux de penser à comment formuler tes réponses, bredouilla Mara.

Malgré tout, entre Emiko et l'image rassurante du lac miroitant sous le ciel bleu, elle se sentit un petit peu mieux. Son Alter s'apaisa et elle put de nouveau respirer normalement. Encore une fois, elle avait évité un débordement. Pas d'Alter noir pour aujourd'hui, à son plus grand soulagement. Elle serait violette, pas plus, pas moins.

Les deux filles passèrent sous le portique de sécurité et suivirent la longue allée couleur brique parsemée de panneaux d'indications divers. Arrivées devant le bâtiment principal, tout de verre et d'acier, Mara hésita. Des flèches indiquaient la direction de l'amphithéâtre de l'examen théorique, d'autres désignaient les couloirs de la salle des professeurs et de l'administration.

— C'est là que nos chemins se séparent, annonça Emiko. Je vais pas pouvoir t'accompagner plus loin. Mais ça va aller ! Attends-moi dehors, je te raccompagnerai jusqu'au bus après, d'accord ? Tu n'es pas toute seule.

Mara déglutit, mais acquiesça. Emiko leva un pouce en l'air encourageant et disparut à l'angle d'un couloir moins de dix secondes plus tard. Maintenant qu'elle était seule... Tout ça paraissait terriblement irréel. C'était une erreur. Forcément. Qui avait pu avoir l'idée folle de la recommander ? Elle n'allait tout de même pas passer les examens d'entrée de UA comme si de rien n'était ! Surtout la pratique ! Qu'est-ce qu'elle leur dirait ? « Salut, désolée, j'ai passé les examens théoriques mais j'ai vraiment aucune idée de pourquoi je suis là » ?

Enfin, elle se disait ça, mais Mara n'était pas certaine d'avoir la force de prononcer plus de trois mots. Encore moins le courage. Et c'était elle qu'on avait choisi pour entrer à UA alors qu'elle se décomposait à l'idée même de parler à un adulte inconnu ? Quelle vaste blague.

Pense au lac, pense au lac, se répéta-t-elle en sentant un sursaut d'anxiété affoler son Alter. Mara finit par se diriger vers les bureaux, les mains moites et la peur au ventre. À pas de loups, elle se glissa dans le couloir en guettant chaque porte, à la recherche de quelqu'un capable de la renseigner. Elle ne croisa personne pour lui demander ce qu'elle fabriquait à errer dans les couloirs, ce qui la rassurait autant que ça l'effrayait.

Jusqu'à ce que des bruits de voix ne lui parviennent d'une porte entrouverte quelques mètres plus loin :

— Je suis certaine que tout se passera très bien, affirmait une voix féminine. Aizawa ne t'aurait pas recommandé s'il n'avait pas vu quelque chose en toi. S'il dit que tu as les compétences suffisantes pour étudier ici, c'est que tu les as probablement.

Des marmonnements indistincts répondirent à cette affirmation. Une bouffée de sympathie l'envahit pour l'élève qui se trouvait dans cette salle, parce qu'elle comprenait à merveille son ressenti. Mara s'arrêta deux pas avant la porte, prête à attendre son tour.

Des Couleurs plein le Coeur |MHA|Où les histoires vivent. Découvrez maintenant