(Je fais une petite note de début juste pour préciser que ça peut être un chapitre assez difficile à lire, en particulier si vous êtes sensible au sujet des maladies incurables et / ou à espérance de vie limitée !)
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« Tu m'as toujours vouvoyée, malgré ces quatre ans à travailler ensemble. J'ose espérer que malgré tout, tu ne me considères pas uniquement comme ton (ex-)directeur d'Agence.
Deux êtres qui s'entraident, se soutiennent et se sauvent mutuellement la vie ne peuvent être moins que des amis. »
- Extrait du carnet d'Empathy « Pour Sérénité »
L'effervescence du festival sportif recracha une Mara apathique. La soirée se déroula dans un brouillard teinté du bleu du deuil et du violet de l'inquiétude. Un message d'Emiko, laconique au possible et dépourvu du moindre emoji surexcité, lui apprit qu'elle revenait le lendemain. Par chance, les deux jours suivants étaient banalisés, pour permettre à tous d'assister aux épreuves des dernières années et pour que tout le monde se remette du festival.
Tant mieux.
Mara n'avait pas la tête à écouter la moindre leçon théorique sur les textes de lois régissant les Alters et la carrière de super-héros. Tout ce qu'elle voulait, c'était noyer tous ses problèmes et toutes ses angoisses au milieu de vingt heures de sommeil. Au moins.
Sa nuit n'en dura que dix, ponctuées de cauchemars. Des flammes rouges, ondoyant comme le tissu d'un long manteau. Sérénité, des torrents de larmes bleues sur les joues. Sa mère, les yeux gris, ternes, vides, étalée aux pieds d'une Dame nimbée de fumée noire et au rire triomphant.
Conclusion, qu'elle tira après un petit-déjeuner silencieux : elle passerait la journée dans son lit. Observer les troisièmes années, très peu pour elle. Baillant à s'en décrocher la mâchoire, elle retourna dans sa chambre en traînant des pieds.
Manterouge. Miss Rancœur. Lady Rancune. La Dame de Rancœur.
Les mêmes noms tournaient en boucle au fond de son crâne. Elle n'arrivait pas à penser à autre chose. Mara avait l'impression de retourner dix ans en arrière, à broyer du noir dans son lit sans oser en sortir le petit orteil.
Cette fois, pas de violet.
Uniquement du bleu lorsqu'elle pensait à Sérénité et à sa mère.
Du rouge lorsque les Vilains s'imposaient dans ses pensées.
Mara étrangla son oreiller en étouffant un gémissement, mi-rage mi-plainte.
Impossible de rester en place. Mara bondit hors de sa couette, pour s'arrêter au milieu de sa chambre, les bras ballants.
Et qu'était-elle censée faire, hein ? Attendre là, comme un pauvre pot de fleur, qu'on vienne l'abreuver de nouvelles horreurs ? On avait tué sa mère et la coupable courait toujours ! Et on la forçait à attendre de nouvelles pistes, de nouvelles informations, pendant qu'elle était coincée ici.
« J'ai travaillé avec elle. »
Mara imagina Manterouge, plié dans une révérence moqueuse, une main sur sa canne. Elle visualisa sa silhouette insupportable sur le mur blanc de sa chambre et y balança son oreiller de toutes ses forces.
Quel était son rôle dans toute cette affaire, à lui ? Quand avait-il travaillé avec elle ? Pourquoi ? Dans quel contexte ?
« Par respect pour Empathy, je ne m'en prendrai pas à sa fille. »
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Des Couleurs plein le Coeur |MHA|
Fanfic« S'il y a bien une chose que mon expérience m'a apprise, c'est que personne ne se résume à une couleur. Aucun Héros n'est tout blanc ; eux aussi souffrent du rouge violent de la colère. Tout comme aucun Vilain n'est tout noir ; combien en réalité p...