Chapitre 1: Ça s'appelle un sacré croche-patte ! Yury

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            Encore un humain qui filme avec son téléphone pendant que les autres me regardent bizarrement. Ils ne savent pas s'ils doivent être reconnaissants parce que j'aie sauvé la vie de ce gamin, ou en colère de voir comment je m'y suis pris.

Peu importe. Je remets les mains dans les poches de mon pantalon à pince et reprends ma route d'un pas pressé. Je suis déjà en retard.

Une vieille dame aigrie se poste devant moi. Elle s'égosille, m'insulte sans aucune retenue. Comme d'habitude, je ne réagis pas et ce qu'elle pense de moi ne me fait ni chaud ni froid. En revanche, il faut dire qu'elle en connait un rayon sur les mots qui blessent. Elle est plutôt douée. Un jeune homme intervient et essaie de la calmer en lui faisant comprendre qui je suis. « Le bâtard des réseaux » s'esclame-t-il, excité. Je lève les yeux au ciel et les contourne pour m'éloigner. Je me mêle à la foule Londonienne qui s'est déjà remise à fourmiller. Sur la centaine d'humains qui a assisté à une potentielle mort horrible d'un gamin de dix ans, seuls deux ou trois d'entre eux ont suspendu le cours de leur journée pour s'assurer que l'enfant aille bien.

C'est ainsi qu'est l'homme.

Les autres repartent dans leur bulle, reprennent leur misérable existence sans sourciller.

— C'est aussi ce que tu fais.

Ma tête se tourne vers la droite et je soupire avant de continuer ma route.

— J'ai fait ma part du marché, sifflé-je.

— Ce que tu lui as fait, ça s'appelle un sacré croche-patte !

Mon frère rit à pleine dent tandis que je m'arrête et l'oblige à faire de même.

— C'était prévu qu'on se voit ?

— Quoi ? Il faut un planning pour rendre visite à son frère, maintenant ? T'es un Céleste caché au milieu des humains, t'es pas le Roi d'Angleterre, redescends.

Gabriel a vraiment le don de m'énerver. Je préfère ne pas répondre et reprends ma route.

— T'as l'air pressé, t'es attendu quelque part ?

— Exactement. Une table m'attend, Chez Toni pour 19H30.

— Ok. J'en suis.

— Tu n'es pas invité.

— Relax ! Je paierais ma part.

J'esquisse un sourire et pouffe pour me moquer.

— T'as de l'argent maintenant ?

— J'ai plus de ressources que tu ne le penses, Uriel. Je viens de plus en plus sur Terre, à cause de toi, qui plus est.

— C'est Yury.

— Non, c'est Uriel.

Je stoppe ma marche et souffle en le regardant, les mains toujours dans mes poches.

— Ici, c'est Yury, insisté-je.

— Mais, ici, ce n'est pas chez toi, mon frère.

Un vieux couple de bourges Londoniens hausse les sourcils en entendant Gabriel m'appeler « mon frère ». Sa peau foncée et ses yeux bleus contrastent pas mal avec ma peau blanche et mes yeux noirs. Pour les humains, cette appellation n'a certainement aucune autre explication qu'un vulgaire langage de jeune qui veulent se la jouer richeman avec leur costume trois pièces.

— Allons manger ! s'esclame-t-il.

Je secoue la tête et me fait à l'idée que je ne pourrais pas savourer mes spaghettis bolognaises dans le calme et la sérénité.

Brutale RédemptionOù les histoires vivent. Découvrez maintenant