Chapitre 5: Je peux passer mon tour ? Yury

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— Tiens, tiens, tiens. Pourquoi tu rentres si tard, mon frère ?

— Gabriel...soufflé-je en continuant de marcher dans les rues calmes de Londres.

Un battement d'ailes résonne derrière-moi, je tourne ma tête vers la droite et hausse les sourcils, étonné.

— Quel bon vent t'amène, Raphaël ?

Il sourit en coinçant sa cigarette entre ses dents.

— C'est pas vrai, soupiré-je en secouant la tête. On dirait un latino tout droit sorti de Fast and Furious.

— Je m'adapte, dit-il dans un sourire exagéré.

— T'aurais pu au moins mettre un tee-shirt.

— Pourquoi je cacherais ce corps parfait à tous ces pauvres mortels ? C'est un cadeau que je leur fais en me promenant en débardeur.

— C'est surtout notre identité que tu mets en péril.

— ça va, sois pas vieux jeu. Certains humains sont presque aussi bien foutus que moi.

— Je parle de nos tatouages.

Je m'arrête et le regarde de haut en bas.

— On peut voir tous tes sigils.

— C'est bon détends-toi. La plupart des mortels ne savent pas ce que ça veut dire.

— Les humains, non, mais les Infernaux, si.

Le teint hâlé de mon petit frère pâlit à vue d'œil. Peu importe que les Infernaux voient ou non nos tatouages. Ils sont assujettis aux mêmes règles que nous. Ils ne peuvent s'en prendre ni aux humains, ni aux Célestes. Mais Raphaël est un grand angoissé. Il ne descend que très rarement sur Terre et n'est pas encore bien familiarisé avec nos rivaux. Cette petite pique n'était qu'un plaisir purement personnel de le voir défaillir.

Il regarde à gauche, puis à droite.

— Ils sont ici ?

Je ne peux retenir mon petit rire moqueur et lui tape sur l'épaule pour l'inviter à me suivre.

— Les Infernaux sont toujours là. A croire qu'ils aiment la Terre bien plus que le Grand Patron, lui-même.

— Tu blasphèmes, Uriel.

— Je plaisante, Gabriel, rétorqué-je, insolent. Et c'est Yury, ici.

— En parlant d'eux, j'ai vu Mammon tout à l'heure, ajoute Gabriel.

Raphaël frissonne tandis que je continue ma route. Contrairement à mes frères j'ai fait le choix de rester sur Terre depuis plus de quatre cents ans. L'écœurement que me procurait les humains m'a convaincu de rester ici et de ne plus regagner le Céleste. Sur terre, mes pouvoirs se restreignent. Ma mission de protecteur ne fonctionne que sur un rayon de trente kilomètres à peine. Chez nous, je suis l'esclave de ces sept milliards d'humains qui ne cessent de se piller pour quelques pièces. De se tuer, parfois juste par fierté. Je ne veux plus faire des aller et retours incessants dans différents pays pour leur venir en aide et leur éviter une mort qu'ils ont certainement provoqué. Mes frères et le Grand Patron ne comprennent pas mon choix, mais peu importe. Ils l'acceptent, pour le moment.

Je suis donc habitué à croiser les Infernaux. Et je les croise bon nombre de fois. Ça ne me fait ni chaud ni froid.

— Il était avec Méphisto. Ils se faisaient des messes basses.

Ça, en l'occurrence, ça me sidère.

— C'est pas ton appart, ici ? s'étonne Raphaël alors que je continue ma route.

Brutale RédemptionOù les histoires vivent. Découvrez maintenant