Brutale Rédemption

Chapitre 34: Il manque juste un petit quelque chose. Nastasia

            J'ai du mal à croire que Yury-Uriel-tête-de-con était un de ces Anges capable d'aimer. J'ai toujours entendu dire que l'amour d'un Ange était le plus pur, incomparable à tous les autres mais je n'arrive pas à imaginer Yury autrement qu'avec cet air sévère et impassible.

— T'es prête ? lance-t-il alors que notre taxi nous dépose devant la grande tour d'EDCA.

Je lui souris à pleine bouche et replace ma mèche ondulée autour de mon visage pendant que je me penche vers le rétroviseur central pour m'assurer que mon chignon et mon rouge à lèvre sont irréprochables.

— On peut y aller !

Il plisse les yeux et esquisse un petit sourire. Il sort de la voiture sans me donner le moindre coup de main. Pas très sympathique quand on porte une robe cintrée et étroite. Mais peu importe, le bordeaux me va à ravir et cette fois, j'ai mis moins de temps à choisir ma tenue. Je commence à m'habituer à ces repas mondains.

Yury fonce vers l'entrée mais je préfère m'arrêter devant les vitres pour défroisser ma robe, m'assurer que tout est impeccable.

— Vous êtes parfaite ! s'exclame un inconnu d'une voix aiguë.

— Merci, réponds-je en souriant.

Un compliment fait toujours plaisir.

— Il manque juste un petit quelque chose.

L'inconnu joufflu, au costume tendu, se rapproche de moi et gigote ses doigts boudinés autour de mon cou.

— Un collier de diamants illuminerait ce cou gracile. Il ferait ressortir vos yeux.

— Ce sera pour une prochaine fois, plaisanté-je.

Les pas lourds et pressés de Yury me font quitter l'inconnu des yeux. Il se rapproche vite. Très vite. Il est...furieux.

— Belzébuth, crache-t-il.

Mes yeux s'écarquillent tandis que mon Ange se poste à côté de moi, droit, les mains dans ses poches.

— Oh, je vois, ricane-t-il. On ne laisse pas de place pour les mystères.

— Ne te fatigues pas. T'es pas le premier à lui rendre visite.

Le sourire de l'Infernal ne faiblit pas.

Il me regarde de nouveau.

Mon cœur cogne contre mes côtes, il supplie mon Ange de rester près de moi.

— Mais mes frères et sœurs ne sont pas aussi sympathiques que moi.

Je déglutis, bruyamment.

Je ne m'y ferais jamais.

Belzébuth ? Sérieusement ?

— Nous avons un diner de prévu, n'est-ce pas ?

Mon Ange me regarde et me tend son bras que j'agrippe sans la moindre hésitation. Comme s'il était la corde d'un pont de singe sur laquelle je me retiens pour ne pas tomber dans le vide. Ses yeux ne me quittent pas d'une seconde. Ils brillent et me donne la chair de poule. Une bonne chair de poule, malgré le démon qui essaie de faire la conversation avec nous. Prince de l'Enfer ou non, je me sens en sécurité avec Yury. Et s'il a l'intention de me regarder comme ça pour le restant de ma vie alors je suis prête à le suivre jusque dans les flammes de l'enfer.

Je suis si faible...

Mon Ange m'emmène loin du démon sans que je ne ressente le besoin de me retourner. Devant les portes de l'ascenseur, je me décrispe tout en essayant de ne pas laisser mes tremblements gâcher ce moment. Lui et moi. Tout près. Tout seul.

— Belzébuth ?

— L'Infernal de la gourmandise en personne.

Je souris et ne réponds rien. L'ascenseur continue de monter et je me résigne à le regarder. Son regard est trop pesant pour que je puisse continuer à l'ignorer.

— Vous êtes ravissante, Nastasia Volha.

Les portes s'ouvrent. Mes joues rougissent. Je regarde par terre pour m'assurer que mon cœur n'est pas tombé de ma poitrine et me concentre pour ne pas sourire bêtement. J'ai remarqué que son regard sur moi avait changé ces derniers temps, mais ils ne s'est jamais accompagné d'un compliment aussi...sincère, aussi bon à entendre.

On traverse le long couloir au tapis rouge et je me résous au fait que mon Ange aura ma peau. Mon cœur. Ma vie. Mon âme.