Chapitre 24: Les débardeurs lui vont à merveille. Yury

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            Je marche sur le Grand Boulevard, celui qui arbore tous les pubs les plus huppés de Londres. La nuit, la clientèle est différente. Elle est plus, sensuelle, plus abordable et mystérieuse. Malgré tout, mes muscles restent bandés, ma mâchoire est crispée. Je ne comprends pas ce qu'il m'arrive. C'est comme si j'étais...nerveux. Pourquoi je serais nerveux ?

— Peut-être que tu t'inquiètes pour ton humaine ? intervient Gabriel venant de nulle part.

— Je t'ai déjà dit d'arrêter de lire dans mes pensées, grogné-je. Si ça se passe dans ma tête c'est pour une bonne raison.

— Tu t'es vraiment bien fondu dans la masse, Uriel. Tu prends ton rôle très au sérieux. Tu te plains comme un véritable humain.

Il rit ouvertement pour se moquer de moi. Je ne préfère pas relever, ce serait se lancer dans une discussion interminable. Je continue de marcher, les mains dans les poches, regardant la vie autour de moi.

— Alors comme ça tu t'en fais pour elle ? Est-ce que le grand Uriel, l'Ange de l'amour et de la protection serait de retour ? A-t-elle su réveiller celui que tu étais, jadis ?

Il marche devant moi, à reculons, ses dents blanches alignées dans un sarcasme non dissimulé.

— Qu'est-ce que tu fous là ?

— Je voulais voir si ce que disais Raf était vrai.

— Et que dit le mexicain en débardeur ?

— Que ta nature est en train de refaire surface, mon frère. Que le Uriel d'avant est de retour. Bon, aimant et prêt à sauver le monde.

Je le regarde en coin essayant de retenir un petit rictus amusé qui veut s'étirer sur mes lèvres.

Gabriel est le Céleste le plus insupportable, moqueur et lourd que je connaisse. Mais je dois l'avouer, il reste mon préféré. Mon frère. Mon compère. Mon compagnon. Ma bonne conscience.

Mais mon rictus s'étouffe dans l'œuf quand je distingue au loin, une chevelure rose. A quelques mètres, assise à une terrasse entourée d'une dizaine de filles, une jeune femme à la peau laiteuse, au crâne rasé sur le côté, boit un verre et caresse le cou d'une jeune gothique.

— N'y pense pas, Uriel ! s'insurge mon frère.

Je ne l'écoute pas et me dirige vers la jeune femme en question.

L'ambiance à la table est...électrique. Chaude et pesante. Tandis que la plupart d'entre elles semblent être au stade le plus calme de leur vie, Boucle-rose me regarde, tout sourire.

— Uriel ! chantonne-t-elle.

— Asmodée, réponds-je en souriant. Puis-je ?

D'un geste de la main, elle me présente la chaise sur laquelle est assise une jeune femme aux cheveux rouge. Ladite jeune femme se lève aussitôt et part s'assoir sur les genoux d'une femme d'âge mûr. Asmodée me fixe sans dire un mot. Je fais de même, tentant de comprendre pourquoi la Princesse de la Luxure a choisi cette apparence pour attirer le plus de disciples possibles. Bien qu'elle soit magnifique avec ses piercings, ses tatouages et ses vêtements en cuir, j'aurais imaginé un physique plus sulfureux pour celle qui représente l'un des sept péchés capitaux les plus influents.

— Que me vaut cet honneur ?

— Simple visite de courtoisie.

Elle dessine un sourire angélique du coin des lèvres et retire sa main du cou de la gothique.

Brutale RédemptionOù les histoires vivent. Découvrez maintenant