Chapitre 16: Ça en fait des tatouages. Yury

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            Après ils se demandent pourquoi je n'ai plus de compassion pour les humains ?

Comme vous aimez m'espionner et lire dans mes pensées, vous avez la réponse à votre question. Je suis en train de frotter comme un forcené, le tissu fragile et hors de prix de mon tapis pour enlever ce foutu vomi pendant que la junkie prend une douche. On ne va rien sauver du tout, croyez-moi.

— Wow...ça en fait des tatouages.

Je relève la tête de cette insupportable odeur et constate que madame la junkie a fini de prendre sa douche. Elle a meilleure mine. Elle n'est cachée que par une minuscule serviette, les cheveux mouillés. Le visage sans artifice. Elle est...Elle va mieux.

Ses yeux ne se décrochent pas de mes avant-bras, dévoilés par les manches de ma chemise que j'ai pris soin de retrousser pour nettoyer ses dégâts. Elle observe mes sigils, les sceaux Célestes tatoués sur ma peau.

J'ignore combien de temps je reste à quatre pattes, une brosse pleine de mousse à la main, les yeux rivés sur elle. Mais je recouvre l'esprit et me relève pour laver mes mains dans l'évier de la cuisine.

— Tu devrais aller t'habiller.

— Mes vêtements sentent la transpiration, dit-elle en me rejoignant.

— Je dirais plutôt qu'ils sentent le rat crevé.

— Oh, t'es un vrai gentleman !

— Et toi une véritable Lady, continué-je, sarcastique en essuyant mes mains.

Elle fuit mon regard et fait glisser ses doigts le long du bar qui sert de délimitation entre les deux pièces.

— Qu'est-ce que je fais ici ?

L'air faussement assuré qu'elle emprunte m'excède. Je soupire et me dirige vers ma chambre pour lui ramener une de mes chemises ainsi qu'un pantalon à pince beaucoup trop grand pour elle.

— Enfile-ça, grogné-je en lui jetant les affaires en plein visage.

Une fois vêtue plus décemment, elle s'assoit sur le canapé, à l'autre bout, pour ne pas être trop près de moi. Mes yeux restent rivés sur elle, l'air froid, jusqu'à la mettre mal à l'aise.

Je m'empêche d'élargir un sourire, bon joueur de voir à quel point mon Grand Patron aime s'adonner à des jeux plus ou moins sadique. Les rayons du soleil qui transpercent la grande pièce à vivre, se projettent sur elle. Tel un halo de lumière sublimatoire. Sur ses cheveux blonds mouillés. Sa peau laiteuse. Mon regard se balade sur mes habits qu'elle porte, étonné de voir que, peu importe leur taille, ils lui vont à merveille.

— C'est un kidnapping ? tente-t-elle avec une insolence trop fragile.

J'avais préparé une excuse en béton, hier soir quand je suis allé la chercher. Mais le tableau sur lequel je suis tombé m'a vite dissuadé. Elle m'a collé trop longtemps pour que je joue la carte du destin et lui dise que j'aie tout bonnement réfléchi et que notre histoire est inévitable. Elle m'insupporte beaucoup trop pour que je me plonge dans une galère sans nom avec une groupie, droguée, collée à mes talons.

— Disons que ni toi ni moi n'avons d'autres choix que de faire une colocation.

— Une colocation ?

Ses yeux s'agrandissent pendant qu'elle se recule un peu plus sur le bord du canapé.

Sa comédie m'agace et met ma patience à rude épreuve. Elle feinte la pauvre damoiselle outrée alors qu'elle ne cessait de me rechercher dans Londres pendant des jours.

Brutale RédemptionOù les histoires vivent. Découvrez maintenant