Chapitre 23: J'suis morte de trouille. Nastasia

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            Yury est un ange merdique. Il n'a pas accepté de m'accompagner malgré mes multiples supplications. Selon lui, il est mal venu de s'inviter à un diner auquel on n'a pas été convié. Soit, mais je lui ai demandé de m'accompagner jusqu'à l'immeuble pas de me donner la béquée.

Bordel, il fait flipper cet immeuble.

Je secoue mes mains pour faire cesser leur tremblement et penche ma tête en arrière pour regarder la tour gigantesque.

Je ne vais pas m'en sortir.

C'est sûr.

Je ne vais même pas arriver au dessert qu'ils vont me jeter à gros coups de pied au cul.

Je me reluque des pieds jusqu'aux...nichons. Même si je dois avouer que cette robe fait de moi une véritable Lady, il suffira que j'ouvre la bouche une seule fois pour qu'ils sachent que je ne mérite pas d'être à leur table.

Je fais demi-tour ? C'est mieux pour tout le monde. Mais en me retournant, je fauche un homme.

— Bon Dieu de merde ! Pardon, monsieur ! Ça va ?

L'homme d'une cinquantaine d'années bien entamée, ramasse l'air pod qui vient de tomber par ma faute. Il se relève et me sourit.

— Ce n'est rien, c'est incassable ces trucs-là.

Sa voix est douce et son air, jovial. Il essaie de me rassurer et a dû remarquer en une seconde à peine ma mine déconfite et la sueur qui perle sur mon front. Je lui rends un sourire timide et repenche ma tête vers l'arrière pour contempler le sommet de la tour angoissante.

— Impressionnant, n'est-ce pas ?

— A qui le dites-vous. Si j'avais dans vos âges, je ne pourrais pas me retenir de me pisser dessus tellement je suis terrifiée.

Il rit franchement et me rejoint pour m'imiter. Nous voici comme deux imbéciles devant la tour EDCA, la tête en arrière.

— Vous devez y entrer ?

— Yep. Je dois même aller tout en haut...

— Oh...il n'y a que les personnes importantes qui grimpent au sommet. Cela veut dire que je ne vous aie pas salué comme il fallait.

Je rebaisse la tête et ris comme une enfant quand il prend ma main pour la baiser avec délicatesse.

— Je préfère, c'est ainsi que doit être saluée une Lady, surjoué-je, d'un ton bourgeois.

Mais je ne peux m'empêcher de replonger ma tête vers le ciel, vers le sommet et de triturer mes ongles.

— Vous n'avez vraiment pas l'air d'aller bien.

— J'suis morte de trouille.

— C'est la première fois que vous venez dans un tel endroit ?

— Oui et je crois que je n'ai rien à y faire, soufflé-je sans décrocher mes yeux de l'enseigne.

— Vous savez, le genre de personne qui peut s'offrir une enseigne aussi grosse sait généralement de qui elle veut être entourée. Si vous êtes ici, ce soir, c'est qu'elle sait exactement où est votre place.

Je pouffe disgracieusement et lui pose une main sur l'épaule.

— Vous êtes mignon, papi.

Je prends une grande inspiration, ferme les yeux et finis par me placer devant lui.

— Vous avez raison ! On les emmerde toutes ces grandes fortunes ! J'suis là pour une bonne raison.

— Assurément.

Il rit à pleine dent et ses petits yeux marron se plissent sous des ridules exquises. Je lui tends le bras pour l'inviter à avancer avec moi.

— Vous travaillez ici ? dis-je en m'arrêtant devant l'ascenseur.

— En quelque sorte.

— Charismatique, mûr et mystérieux.

— Et vous êtes merveilleuse.

Les portes de l'ascenseur s'ouvrent dans une petite musique élégante et mon corps tout entier frissonne. C'est le grand moment.

— Vous savez quoi ? Vous êtes vachement plus sympa qu'un Ange que je connais.

Il fronce les sourcils, certainement peu accoutumé au genre de blague délirant d'une fille comme moi mais sourit de nouveau pendant que je m'accroche à son bras comme une future mariée s'accrocherai à son père.

— Dernier étage ? s'amuse-t-il.

Je hoche la tête avec une détermination sans faille.

— Et vous, mon cher ? A quel étage vous rendez-vous ?

— Au dernier.

Sa voix et son sourire me font pâlir. Mon cœur commence à battre plus vite et plus fort tandis que je me décroche de son bras.

— Veuillez m'excuser, je ne me suis pas présenté. Lord Barry Garett, lâche-t-il en me tendant la main.

— Bon Dieu de merde...

Brutale RédemptionOù les histoires vivent. Découvrez maintenant