CHAPITRE 16 - MATVEÏ

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Upper East Side || New York.
NOVEMBRE.

La poupée tracas entre les mains, je remonte la couverture avec agacement. À mes côtés, Baek-Soon dort paisiblement, son souffle régulier et la chaleur anormale de son corps continuent de le prouver. Il s'est endormi dès que nous sommes arrivés dans ma chambre, sans discussion ni aucune bribe de mots.

Ses services en tant qu'infirmier commencent à lui prendre de plus en plus de temps, et d'autant plus d'énergie. Essayant de passer le temps, je joue avec les bras de la poupée qui reste parfaitement immobile. Mon téléphone indique quatre heures du matin, ce qui doit signifier qu'il est dix heures en Italie. Et Brando n'a toujours pas appelé.

Pendant un court instant, j'ai pensé à tout lui dire à propos de Dior, abandonner cette relation qui n'a plus aucun sens pour nous deux. Puis j'ai fini par me résigner à cause d'une seule pensée : Brando m'aime, Dior ne veut que du sexe.

En soupirant pour la énième fois, je repousse la couverture avant de descendre du lit. Un bol de sorbes va sûrement aider à dormir, ou du moins à faire semblant de ne pas être préoccupé par mon petit ami et Dior.

— Merde, plus de sorbe. chuchotais-je.

Au moment où je referme le placard du haut, mon téléphone vibre contre le comptoir. Il n'y a aucune chance pour que ce soit Brando au vu de sa dernière insulte par message. Avec ennui, je décroche sans faire attention à l'interlocuteur.

— Mmm.

— Tu penses toujours que je ne mérite pas d'amour ?

Une voix aiguë et très certainement couverte par l'alcool atteint mon oreille, je ne sais pas le nombre de verre qu'il a bu, ni avec qui il était, mais ça ne présage rien de bon. Il n'avait pas de combat ce soir, faire la fête sans aucune raison valable lui arrive dans de très rares occasions.

— Je n'aurais pas dû dire ça, Dior, soufflais-je, mais tu es parfois égoïste dans tes choix.

Comme dans la plupart de ces décisions qui l'ont poussé à prendre des photos de nous, à me menacer ou encore pire. Un couinement désespéré sort de sa gorge alors que je m'adosse au comptoir.

— Ari pense que je suis capable d'aimer, pourquoi tu ne le fais pas ? Je comprends que réfléchir demande une concentration que tu n'as pas étant donné ton cerveau, mais tout de même.

Je roule des yeux en entendant la fin de sa phrase, il est incapable de tenir un sujet de conversation aussi sérieux sans glisser une pointe d'amertume ou une blague innocente entre les lignes. C'est une manière de fonctionner qui le protège, lui et son cœur.

— Être amoureux de quelqu'un ne se résigne pas à coucher avec lui, et c'est la seule chose que tu veux obtenir d'un homme. Tu n'arriveras jamais à avoir de relation durable en te basant sur le sexe.

Au souffle erratique et au léger reniflement, je comprends qu'il est en train de fumer quelque part, dans le froid. Nerveusement, je tourne l'anneau à mon index dans l'attente de sa prochaine réponse. Il a beau me rendre protecteur et nocif envers les autres, son caractère me donne aussi de l'anxiété, je suis impuissant de ce qui va suivre.

— Peu d'hommes en sont capables, mais il en existe.

Ça me désole de savoir qu'il ne fait pas la différence entre une relation amoureuse et une partie de jambes en l'air de quelques semaines. Ce n'est pas stable, au contraire, tout cet amas de frustration le rend froid et distant.

— Pourquoi tu te conduis comme ça ?

— Parce qu'ils ne sont là que pour le physique, alors je me suis réduit à ce qu'ils attendent tous.

STARBOYOù les histoires vivent. Découvrez maintenant