STARBOY

CHAPITRE 9 - DIOR

Upper East Side || New York.
OCTOBRE.

Comme à peu près chaque samedi du mois d'octobre, le petit-déjeuner en famille est une catastrophe. Oncle Lyam termine toujours par foirer ses projets de fiançailles, choux, gâteaux aux citrons ou à la fraise, la plupart des personnes présentes dans la pièce s'en tape.

D'où l'expression ennuyeuse de mes parents qui croquent dans leurs fruits, l'air à moitié endormie. Deux ans, cette cérémonie de présentation dure depuis deux longues années, mon grand-père aura le temps de rejoindre la terre humide et un cercueil à plus de dix mille dollars avant d'espérer assister au mariage de son deuxième fils.

— Espen, ce n'est pas la pièce montée qui va impressionner qui que ce soit. clame-t-il.

Défilant les réseaux sociaux d'Ari-Soo sur mon Ipad, je commente la plupart de ses photos. Du moins, celles où Baek-Soon est présent, ce mec est un nerd né pour sortir avec une barbie ambulante, une créatrice montante à New York.

Matveï avait raison lorsqu'il a menacé Baek-Hyun, avoir des vues sur la copine de son petit frère relève d'un seul mot : connard. Imprévu, bien d'autres aussi en termes d'injure. Ce n'est pas faute de lui avoir répété à quel point Soon est ennuyeux, pour avoir Matveï Azarov en meilleur ami, il faut ne serait-ce qu'un peu exceller dans l'ennui.

— Pose ta tablette, Dior. Pas pendant les déjeuners de famille, tu le sais. chuchote mon père.

En soupirant, la tablette avant de la poser sur le comptoir. Aucun verre de whisky, de vodka noir ou de martini espresso à la vanille, c'est définitif, ce petit-déjeuner est un calvaire. octobre et décembre sont définitivement les pires mois de tous.

— Les invités ne viennent pas pour les choux ou le moelleux à la fraise, mon prince.

Mon deuxième oncle, Espen, n'a d'autres choix que de se plier aux attentes de son petit ami. Les désirs de son fiancé sont des ordres. Moelleux à la fraise, choux, glaçage à la vanille, surnom stupide comme prince. L'amour est un concentré de vomis.

— Oui, surtout quand les mariés ont tenté de s'assassiner l'un et l'autre durant leur jeunesse. Ils viennent pour du divertissement. avouais-je en riant.

Rapidement, je reçois une claque à l'arrière de la tête qui me pousse à grimacer. Cette douleur légère n'était pas apparue depuis longtemps, elle m'a manqué. De l'autre côté du comptoir, mon grand-père roule des yeux en croquant dans une pomme.

Cette phrase n'aurait pas eu lieu de sortir si mes oncles ne jouaient pas au jeu du chat de la souris pendant leurs études. Et si Colin Shaplen ne déliait pas sa langue pour tout me raconter dès que j'ai eu l'âge de comprendre les histoires des autres.

— Raye ce gamin de la liste des invités. chuchote Lyam.

Un sourire aux lèvres, je picore dans le bol de céréales. Dès que la sonnerie incessante de l'appartement retentit, mon père se lève en déposant le café noir sur le comptoir.

— Baek-Hyun est là.

Le voyant apparaître au beau milieu de la cuisine, à neuf heures et demie du matin, je peux déjà en conclure que quelque chose ne va pas. Dans ces cas précis, Hyun fait le stock de friandises pour les gamins avant halloween, ou il s'entraîne dans la salle de boxe. Mais il ne vient jamais chez moi aussi tôt.

Lorsque mes yeux tombent sur deux bouteilles de Coca, je quitte la chaise avant de me précipiter sur Hyun. Le petit-déjeuner peut aller se faire voir, les bouteilles sous mes bras, je lance un signe de main à mes parents.