CHAPITRE 8 - MATVEÏ

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Upper East Side || New York.
OCTOBRE.

— Attendez, il semblerait que le jeune boxeur vienne de mettre à terre Junno Chavez ! Le septuple champion doit tenir dix secondes au sol si Shaplen souhaite s'offrir la victoire, n'est-ce pas incroyable ?

Les commentateurs qui hurlent depuis à peu près vingt minutes à travers mon téléphone m'obligent à garder les yeux fixés sur l'écran - de peur de manquer à nouveau une action trop chargée ou le moment crucial. Celui qui résonne dans la salle de boxe, au moment où Dior obtient enfin une nouvelle victoire après des années de pause estivale, et festivals également.

Depuis sa victoire contre Junno Chavez, je n'ai regardé qu'une fois la rediffusion du combat, le lendemain. Payer un abonnement plus d'une cinquantaine de dollars pour seulement deux fois par mois est trop peu. Alors j'augmente les doses quotidiennes, j'essaie de me convaincre qu'il s'agit uniquement de l'abonnement trop cher, et non de notre dernière entrevue avec Dior qui m'a déstabilisé au point d'observer en boucle chacun de ses derniers combats.

— Six, sept, huit..

Égoïstement, j'aurais aimé que sa victoire ne se passe pas aussi facilement, bien que le premier coup de Chavez ait fait saigner une grande plaie sur la pommette de Dior pendant une bonne dizaine de minute, ça n'aurait pas dû être aussi facile. Quand j'entends un hurlement, j'abaisse instantanément mon Ipad sur le bureau.

Mes parents ne sont pas à la maison à cause d'un match de hockey qui se déroule à Los Angeles, et Baek-Soon n'a sûrement pas accès à l'appartement. Quelques secondes de silence plus tard, un nouveau cri résonne.

— Bordel, il est encore éméché.

À peu près sûr qu'il s'agit d'une nouvelle crise de Dior, je descends les escaliers avant d'entrouvrir la porte d'entrée. Accoudé contre le mur, j'aperçois une chevelure blonde et un sourire provocateur, une plaie récente à la lèvre, je crains que Dior ne connaisse pas le mot distance. Spécialement en ce qui me concerne.

— Tu n'as pas l'air d'être ivre mort. avouais-je.

En réalité, il paraît plutôt en bonne forme mise à part la nouvelle plaie fendue sur sa lèvre. Il déplie ses bras avec lenteur avant de glisser sa converse entre mes jambes écartées. Bordel, c'est exactement ce genre de situation qui ne doit plus se produire après l'événement de la baignoire.

— Attirer ton attention demande de l'invention, tu ne serais intervenue si j'étais en parfait état.

Je hausse les sourcils, indifférent, il sait parfaitement que c'est le cas. Sans une goutte d'alcool dans son sang, je ne me serais pas permis de quitter la chambre. Ses doigts dégainent rapidement un papier plié en deux lorsque je m'apprête à fermer la porte.

— Il est un peu trop tard pour me donner ton numéro, tu ne penses pas ?

— Je trouve que ton prénom va vraiment bien avec mon nom, il ne manque plus qu'à l'inscrire dans la liste d'appels. chuchote-t-il.

J'écarquille les yeux face à son aveu, c'est la pire phrase de drague que je n'ai jamais entendue. Et pourtant, Baek-Soon n'est pas le plus doué pour faire des compliments à sa petite amie.

— Avoue que c'était la meilleure approche que tu aies entendue de toute ta vie, étant donné que personne ne flirte avec toi.

Exaspéré, je soupire avant de claquer la porte. Ce qui n'a pas l'air d'arrêter Dior, puisqu'il glisse le papier en dessous, étrangement, il aime faire passer des mots en toute discrétion, ou des poupées.

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