CHAPITRE 3 - DIOR

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Upper East Side || New York.
OCTOBRE.

Comme tous les quatre samedis qui suivent le mois d'octobre, voire de chaque mois, je fais défiler les nombreux articles provenant des journaux de Russie, presser contre le rebord de mon bureau en bois, je continue de grignoter les bâtonnée de sarrasins en observant les titres ravageurs.

Je serais incapable d'en citer au moins un depuis le nombre d'années que je les suis, car connaître l'un d'entre eux signifie entrer dans la vie de Matveï Azarov. Depuis notre énième rencontre dans l'ascenseur, hier, je ressasse son arrogance et son envie de me tuer. Ce qui me ravit au plus haut point.

Mes doigts s'arrêtent sur une interview datant de quelques semaines à peine, Alexeï Andreev. Un nom si peu connu aux Etats-Unis que cette vidéo m'ennuie déjà, je soupire avant de cliquer sur le lien. Faire des recherches pour développer mon niveau méprisant envers lui commence aussi à m'agacer.

— Que voulez-vous dire en parlant du niveau de son père ?

Une fois la vidéo agrandie sur la tablette, la vidéo tourne d'elle-même en exposant un homme pâle à l'allure sauvage, si ce n'est pas un journaliste, alors je ne suis pas boxeur non plus. Cet homme a la carrure et l'envie de déterrer chaque secret.

— C'est évident, désormais au cours des deux derniers automnes, cette équipe a la capacité de remporter le prix des plus médiocres. Matveï Azarov est encore une sorte de bambin en apprentissage.

Les dents jaunies et le carnet de notes à moitié entaché, Alexeï Andreev éclate de rire après ses mots. Bordel, si c'est à cause de ce mec que Matveï a passé deux semaines à ruminer et très certainement pourrir dans son lit, je comprends.

— En apprentissage ? N'oubliez pas qu'il a remporté trois championnats contre les plus gros hockeyeurs, à seulement deux ans de carrière.

Canada, Édimbourg et l'Ecosse.

Je serais capable de citer les yeux fermés chaque équipe contre lesquelles il s'est férocement battu depuis le début de sa carrière. En m'asseyant sur la chaise blanche, j'émiette le bout des sarrasins qui tombe sur le bureau.

— Désormais il compte quatre ans dans ce milieu, remporter deux championnats relève d'un débutant, je serais capable de le faire, moy priyatel' ( mon vieux ) !

Faisant abstraction d'un surnom sûrement débile sorti en russe, je hausse les sourcils, parce que je ne serais définitivement pas capable de mettre un pied sur une glace, et encore moins de battre des rivaux comme les équipes du Canada, Édimbourg ou encore de l'Écosse.

Mal à l'aise, le second journaliste qui l'interroge regarde la caméra avant de se pincer les lèvres. Il est clair qu'il se retient de l'insulter, après tout, obtenir l'avis d'un homme qui méprise les joueurs de hockey comme une vieille relation amoureuse n'était pas une bonne idée.

— Il n'a que dix-neuf ans, vous êtes un peu dur. Mais passons au..

Mon téléphone vibre contre le bureau en laissant le nom d'Ari-Soo s'afficher. Avec nonchalance, je décroche pour tomber sur sa voix mielleuse et calme.

— Mmm.

Concentré sur l'interview face à moi, j'observe les sous-titres et les postures de plus en plus confiantes d'Andreev, finalement, j'aimerais retrouver cet homme pour faire une collaboration purement commercial visant à détruire l'image de Matveï Azarov. Malheureusement, j'ai mieux à faire en ce moment, et en général.

— Tu te souviens quand tu es passé à l'atelier hier ? Une heure en retard bien sûr. demande-t-elle.

Jetant le bâton de sarrasin à moitié entamé, je roule des yeux. Je serais arrivé moins en retard avec une douche plus rapide et les inquiétudes tassées de mon père, mais je suppose qu'Ari continuera de me le reprocher jusqu'à la prochaine fête.

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