CHAPITRE 26 - DIOR

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Upper East Side || New York.
NOVEMBRE.

— Évidemment que ce combat à attirer tous les États-Unis, quel boxeur demande un deuxième rendez-vous si ce n'est Junno Chavez ? Mais le plus étonnant a été Azarov, après sa défaite contre Boston, je me serais caché dans un trou à rat à sa place.

Sous les paroles grésillantes et âcres qui atteignent mes oreilles, mes paupières papillonnent légèrement, je déteste quand mon réveil est perturbé par des fonds sonores dont je n'ai strictement rien à foutre. L'appel de la nourriture et les cigarettes matinales sont les deux seules choses capables de me réveiller. Et ce putain de son horrible n'en fait pas partie.

Un couinement exaspéré quitte mes lèvres alors qu'une main chaude se pose sur mes fesses pour calmer mes mouvements. Je jure de buter Matveï une fois que mon cerveau ne sera plus obnubilé par la fatigue et la douleur qui irradie mon corps.

— Encore une stratégie merdique, pardonnez mon vocabulaire.

Malgré le rêve érotique qui vient de filer à toute vitesse, je réussis à associer quelques bribes de mots à une voix familière, il est clair que cette interview ne parle pas de moi, ni de Chavez. Elle a été faite pour descendre Matveï au plus bas, seul Alexeï Andreev est capable de faire des apparitions aussi pathétiques pour cracher sur une star mondiale du hockey.

Je comprends qu'il a baissé le volume lorsque la pluie prend l'avantage sur le ton rauque et vieillot du journaliste. Son accent russe ne réussit pas à couvrir les litres d'alcool qu'il a dû s'enfiler la veille.

— Il risque de s'effondrer avant le prochain match, n'est-ce pas malheureux ? Pauvre bambin en apprentissage.

À la phrase mythique rendue célèbre par ce même enfoiré, je finis par émerger en sentant les effluves de fleurs d'oranger et de crème cicatrisante. Il a dû appliquer à nouveau la crème pendant que je dormais, contrairement à la vision purement sexuelle à laquelle je m'attendais en ouvrant les yeux, je retrouve un Matveï angoissé et mordillant la peau de son pouce devant son Ipad.

— Putain, Veï, grondais-je, éteint ça.

— Oui.. pardon.

Sans attendre, il éteint la tablette avant de sourire - cet enfoiré pense que je vais gober ce rictus hypocrite. En faisant abstraction de la douleur qui se répand dans mon abdomen, et plus particulièrement sur ma nuque, je le force à se rallonger sur les draps défaits. Malheureusement, pas par la baise.

— C'est moi qui suis censé ne pas m'inquiéter des journaux aujourd'hui, mon amour, pas l'inverse.

Ses yeux verts semblent prêts à dévoiler toute l'anxiété qui se cache derrière, mais à la place, il finit par agripper mes hanches pour me serrer contre lui. À moitié endormi, je frotte légèrement son dos. Avant même notre premier rendez-vous et sa rupture avec Brando, j'étais bien trop crispé pour lui offrir la moindre marque d'attention, sauf que cette fois-ci, il a besoin de ça plus que de ma fierté.

— Je ne voulais pas te réveiller.

Son shampooing à la sauge se mélange à l'odeur aphrodisiaque de son parfum, je ne lui en veux pas de m'avoir réveillé si son arôme d'orangers est la première chose que mon odorat sent. Je ressens d'abord un sentiment de jalousie en posant les yeux sur Mity, la poupée tracas, cet imbécile à la chance de se réveiller chaque jour avec Matveï, et peut-être de le voir se branler également.

— Ouais, OK. Passe directement à pourquoi tu regardais cette merde.

J'ai conscience que mon ton peut paraître froid voire menaçant, et j'en ai rien à foutre. Si je n'arrête pas de me comparer à Brando De Costa, Matveï le fait avec un vieux de plus de cinquante ans qui le dénigre toutes les semaines. C'est malsain.

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