STARBOY

CHAPITRE 33 - DIOR

Upper East Side || New York.
DÉCEMBRE.

Avec difficulté, je glisse la clef dans la serrure avant d'abaisser la poignée, revenir dans l'appartement voisin et familial après plus de deux semaines à dormir chez Matveï me fout une pression pas possible. Les effluves agréables de tabac et de framboise embaument le hall entier lorsque je claque la porte d'entrée.

Les parfums mélangés de mes parents sont certainement ce qui m'a manqué le plus pendant ma longue convalescence auprès de mon petit ami. Jetant mes converses dans la cuisine, je relâche les dizaines de cadeaux sous mes coudes. Il existe deux choses que je déteste plus que tout dans la vie : le manque de sexe et la période des fêtes.

Parce que bordel, ça devrait être illicite de se trimballer avec trois tonnes de babioles entre chaque main - tout en sachant que mon Audi est rempli de fond en comble de papiers cadeaux très laid acheté dans une brocante à moins de deux dollars, Matveï est peut-être radin pour à peu près tout dans la vie. Mais je refuse de dépenser plus de cinq dollars pour des trucs aussi merdiques.

— Oh OK, souffle mon père, je pensais tu allais simplement commencer les cadeaux, pas les acheter d'un coup.

— C'est ce que j'ai fait, je n'ai pas pu tout prendre.

Ses yeux s'écarquillent alors que je hausse les épaules, en réalité, mes pieds ont traîné dans toutes les rues de New York. Des plus grands magasins de luxe pour Ari-Soo jusqu'à la plus piètre boutique de Brooklyn pour Baek-Hyun, et je n'ai pas aimé la façon dont cette journée s'est terminée. Ma canette de coca renversée, les chants de noël des gamins, les embouteillages.

— Cooper, ton fils se prend pour le père noël maintenant.

Une tasse de café noir à la main, il hausse les sourcils avant de tomber sur les dizaines de sacs remplis à nos pieds. Je sais que mes parents sont très axés sur les festivités, surtout mes anniversaires. En dix-huit ans d'existence et treize ans avec eux, j'ai toujours eu le droit à un gâteau vanillé, mon grand-père et mes oncles à mes côtés. Sans oublier les milliers de jouets qu'ils achetaient sans cesse.

— Dégage moi tout ça, Dior. Ton grand-père va faire une crise cardiaque sur l'argent inutilement dépensé encore.

Inutilement. Je n'emploierais pas ce mot à leur place, car noël est la deuxième fête de l'année qui leur permet d'acheter en grande quantité. Vexé, je gonfle mes joues en attrapant les lanières des sacs, évidemment, ils préfèrent cuisiner un repas italien que m'aider à monter tout ça. En passant par le séjour, j'aperçois mes oncles regarder un match de baseball à la télé, mon grand-père doit certainement traîner sur le balcon.

— Eh le gamin rentre enfin, clame Lyam, finie la lune de miel pour ton petit copain et toi.

Malheureusement, j'aurais aimé éterniser mon voyage entre nos deux appartements, mais Matveï a choisi de me virer à coup de baiser sur le nez et de promesse rapide. Parce que cet idiot a besoin des pièces à lui seul pour emballer des cadeaux, et je suis certain qu'en ce moment même, il doit se retrouver avec des bouts de scotch sur le front.

— Vous avez baisé au moins, non ?

— Espen, putain, soit subtil. Il va s'enfuir si tu lui demandes comme ça.

Je commence à flipper de cette manie incessante qu'ils partagent : ma vie sexuelle. Depuis que j'ai annoncé officiellement ma relation avec Matveï, ils sont obsédés par ça. Faisant abstraction de leurs échanges interminables, je pousse les sacs.

— Ce gosse parle plus de sexe que nous, rétorque Espen, il ne va pas être choqué pour une simple phrase.

Au fur et à mesure que je monte les escaliers, leurs voix se transforment en dispute étouffée et couverte par le rire de mes parents. À l'aide de mon coude, j'abaisse la poignée de la porte en balançant un par un les cadeaux, j'emmerde les festivités, je suis déjà à bout.