CHAPITRE 5 - DIOR

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Brooklyn, Bread Brothers Café || New York.
OCTOBRE.

— Comment décrivez-vous vos blessures depuis votre récent combat, l'hôpital a-t-il soigné toutes vos plaies ?

— Deux opérations et six points de suture, je vous laisse deux heures pour rédiger un article sur cette merde de Shaplen.

À la télévision accrochée dans la pâtisserie, les mots de Junno Chavez remplissent la pièce, il est évident que les serveuses m'ont reconnu au vu des dizaines d'autographes que j'ai dû signer. Seulement trois sont parties effrayées lorsque le visage du mexicain est apparu à la télé.

Excédé, je continue d'observer son arcade sourcilière recouverte par des fils de fer. Peut-être qu'il a le rôle de ma poupée lui aussi, mais certainement pas la plus précieuse.

Du bout des doigts, j'essaie de toucher la longue cicatrice à son cou, je dois plutôt passer pour un fou à bouger ma main dans tous les sens loin de la télé. Je le suis après tout, j'aurais dû reprendre les études de sociologie au lieu de me concentrer essentiellement à la boxe. Le résultat est là.

— Dior.

Je rabaisse mon poignet lorsque la carte de la pâtisserie heurte avec violence mon torse, lever Baek-Hyun à une heure aussi tardive relève de son irritation et son envie de me frapper.

— Tu te branlais pour m'en vouloir autant ?

Les serveuses se figent contre le plan de travail pendant que Hyun laisse passer un rire. Tofu cream cheese sandwich, tofu lox spread, bordel, je risque de mourir de faim si cette carte ne propose que du tofu.

— Les gens normaux n'appellent pas à deux heures du matin avec une envie de manger dehors.

Je me souviens des mots de Matveï avant de quitter la voiture, tu es une personne différente des autres. Être normal signifie ennuyeux et je refuse de ressembler à quelqu'un d'insupportable qui traite la vie comme un film romantique. 

Après tout, je ne fais pas partie de la catégorie des gens normaux, en deux grands mots : les cigarettes et le Coca Cola me résument parfaitement. Un synopsis d'un vieillard qui risque de mourir d'une minute à l'autre à cause d'une crise cardiaque.

Indifférent, je hausse les épaules en passant les grandes lignes qui présentent du tofu. Baek-Hyun semble apprécier les regards appuyés de la femme au présentoir.

— Écœurant. chuchotais-je.

Quand je m'attarde sur les journaux près des pâtisseries, je relâche la carte qui tombe immédiatement sur le sol, selon mes parents, j'ai la particularité de convoiter ce qui est beau. Et Matveï Azarov paraît bien plus que beau dans ses journaux, je me fais violence pour l'avouer. Ce connard est un bijou rare.

— J'ai l'impression de surveiller Baek-Soon.

Sous le rire de certaines personnes encore présentes dans la pâtisserie, Hyun attrape mes doigts pour me ramener contre le comptoir. Un simple regard noir suffit à les distraire, je serais prêt à leur enfoncer un gâteau entier pour qu'il arrête de rire.

— Son travail d'infirmier lui plaît ? demandais-je en me baissant vers la vitrine.

— C'est un piège ? Tu ne t'intéresses pas aux autres d'habitude.

Un sourire se dessine sur mes lèvres alors que je parcours des yeux les pâtisseries restantes, étrangement, il y a un plus grand nombre de gaufres et de sandwichs qu'au petit matin.

— À toi de voir si tu veux tomber dedans ou non, soufflais-je, je vais prendre ce sandwich.

La serveuse hoche la tête et se met à préparer la commande de Baek-Hyun et la mienne. C'est de cette manière qu'à deux heures du matin, je me retrouve à picorer en buvant une boisson gazeuse sur les marches d'un appartement. Les médias vont adorer cette information.

STARBOYOù les histoires vivent. Découvrez maintenant