Chapitre 50

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Alvaro rentre, fatigué, avec l'air de quelqu'un qui a passé une longue journée. Quand il me voit assis sur le canapé, un sourcil se lève, perplexe.

Il ne pose aucune question, mais je peux lire la surprise dans ses yeux. Ça fait un moment qu'on s'est croisés chez Angel, mais je doute qu'il ait prévu de me trouver ici ce soir.

Surtout qu'en théorie, je suis censé être chez son fils et pas dans son salon.

Mais il ne semble pas pressé de me poser de questions et s'empresse d'appeler Angel qui descend les escaliers pour venir dans ses bras.

Je détourne le regard, à la fois de gêne et de peur de pleurer, mais avant même qu'il ait le temps de demander quoi que ce soit, Angel intervient, avec ce ton doux mais ferme qu'il maîtrise si bien.

Angel : Elayan va rester ici un moment. Il a besoin de prendre du recul.

Alvaro ne dit rien, il se contente d'acquiescer doucement avant de disparaître dans le couloir en direction de la salle de bain.

Pas de commentaire, pas de jugement, juste cette absence silencieuse qui me fait réaliser à quel point tout semble chamboulé.

Aaron me manque, mais je suis incapable de l'affronter. Ça me fout en l'air.

Angel, de son côté, a essayé de rendre la journée un peu plus vivante, et je lui en suis très reconnaissant.

Et maintenant, fidèle à lui-même, il essaie de rendre la soirée moins lourde et me propose de l'aider en cuisine, et je me retrouve à éplucher des légumes à côté de lui, sans vraiment y mettre du cœur.

Il fait semblant de ne pas remarquer mon silence, se lançant dans une série d'anecdotes sur la cuisine de la mère d'Alvaro.

Angel : Tu sais, la mère d'Alvaro faisait une tarte au citron qui pouvait ramener quelqu'un à la vie, je te jure. Il y avait toujours une bataille pour la dernière part, même si on savait que c'était moi qui allais la gagner. J'étais son chouchou après tout.

Je souris un peu, par politesse, mais mon esprit est ailleurs. Je n'arrive pas à me concentrer, je n'arrive pas à arrêter de penser à Aaron, à ce qu'il a fait, à ce que tout ça signifie pour nous.

Mais Angel continue, animé par sa mission de me distraire en me montrant le secret de la recette que je n'ai même pas suivi.

Le dîner est prêt rapidement, mais la table est beaucoup trop calme. Alvaro mange sans dire un mot, se contentant de hocher la tête de temps à autre quand Angel pose une question.

Moi, je pousse ma nourriture avec ma fourchette, l'appétit coupé par toutes les pensées qui tourbillonnent dans ma tête.

Angel, pourtant, s'efforce d'animer la soirée, racontant des histoires, posant des questions.

Je réponds de manière automatique, essayant de faire bonne figure, mais à l'intérieur, tout est brouillé.

Alvaro, lui, reste dans son silence, ne me jetant que quelques regards discrets, comme s'il comprenait que je traversais quelque chose mais qu'il ne savait pas quoi dire.

Angel parle de tout et de rien, lançant des anecdotes sur sa journée, sur les nouvelles recettes qu'il a trouvées, et glisse quelques commentaires taquins pour essayer de me faire sourire.

Angel : Tu sais Elayan, cette recette de sauce, c'est la spécialité de la mère d'Alvaro. Elle la faisait toujours quand il était gamin. Je t'assure, le nombre de fois où j'ai essayé de la reproduire... mais bon, tu sais ce qu'on dit, les mamans ont un ingrédient secret.

Lui, l'exception de ma vie - Tome 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant