J'ouvre les yeux lentement, aveuglée par les minces rayons de soleil qui se faufilent dans ma chambre. Ils transpercent les velux et font ressortir de minuscules filaments de poussière tout autour de moi. Au dehors, j'aperçois le ciel bleu à travers les minces filets de lumière qui se réfléchissent jusque dans mon antre.
C'est aveuglant, presque insupportable. Mes paupières s'ouvrent et se referment plusieurs fois avant de parfaitement s'y habituer.
J'éprouve une grande difficulté à exécuter le moindre geste. Mes muscles endoloris traduisent le ressenti d'un corps épuisé, suite à plusieurs années du dur labeur. Plusieurs années à travailler d'arrache-pied pour réussir ce que j'entreprenais. Plusieurs années à simplement être... Une lycéenne. La fatigue extrême se faisait déjà ressentir il y a quelques mois, avant les examens. Mais elle a pris une grande ampleur. Aujourd'hui, je relâche toute la pression accumulée, mais le contre-coup se manifeste à travers plusieurs douleurs aigües, çà et là.
Cela dit, j'ai enfin eu ce que je souhaitais avoir à tout prix : mon baccalauréat, mention très bien, avec félicitations du jury.
Je me souviens encore de la joie qui se dessinait sur le visage de mes proches, pendant les quelques jours suivant la publication des résultats. Je n'y croyais pas moi-même. Les miroirs ne faisaient que refléter le bonheur de la femme épanouie que j'étais. Depuis ce jour, je suis vraiment aux anges.
J'ai réussi.
Je m'étire lentement sous mes couvertures. La lumière du jour me donne toujours envie de me lever rapidement pour profiter pleinement de ma journée.
Je me suis toujours levée tôt, surtout lorsqu'il faisait beau. Je croque toujours la vie à pleine dent, et refuse de passer mes journées à perdre mon temps sous les draps. De mon point de vue, chaque jour est un cadeau, un présent dont je dois me délecter à chaque seconde qui passe.
Je perçois le chant des oiseaux derrière la fenêtre : ils voltigent ça et là, profitant de cette nouvelle matinée d'été. Leurs gazouillis apaisent mon âme et me permettent d'imaginer la journée ensoleillée qui m'est offerte.
Je sens que ça va être super !
Nous sommes le 1er juillet.
Je suis paisible. Je n'ai plus peur de rien.
J'ai tout réussi jusqu'ici : j'ai mon baccalauréat littéraire en poche, j'ai été acceptée à l'université pour étudier la psychologie, et je m'apprête à passer des vacances merveilleuses auprès de ma famille et de mes amies. J'ai fêté mes dix-huit ans deux mois plus tôt, et je peux dire que je me sens enfin légitime de voler de mes propres ailes.
— Chérie ? M'appelle soudain ma mère, derrière la porte de ma chambre.
Enfin, presque.
— Oui, Maman ? Réponds-je, la voix encore faible.
— Tu veux déjeuner ?
— Non, ça va... Je n'ai pas très faim, rétorqué-je.
Je regarde rapidement mon réveil, et constate qu'il est bientôt neuf heures. Il faut que je me prépare pour rejoindre mes amies, une sortie prévue depuis un petit moment déjà. Je ne peux pas leur faire faux bond.
— Heu... 'Man ? Ajouté-je avant qu'elle ne s'éloigne. J'ai rendez-vous avec les filles dans une demi-heure... Tu te souviens ?
— Oh, mais oui ! Aucun problème, ma puce. Passe nous faire un bisou avant de partir !
Je n'entends plus rien, si ce n'est les pas légers de ma mère qui redescend les escaliers pour rejoindre la cuisine.
Du haut de mes dix-huit ans, je suis capable de reconnaître mes parents rien qu'au crissement de leurs souliers sur le sol. Ma mère a une démarche assurée. Mon père, une démarche plus lymphatique.
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LA MORSURE DU DESTIN
RomanceIris est une jeune femme modèle de dix-huit ans : bonne élève, serviable, équilibrée. Elle a tout pour plaire, et son intelligence la destine à un avenir prometteur. Pour Ciaràn, vingt-cinq ans, la vie n'est qu'un vaste terrain de jeu macabre. Il e...