CHAPITRE 34 - Ciaràn, quatorze ans plus tôt

89 8 8
                                    

(MISE EN GARDE : chapitre difficile à lire et surtout, CENSURÉ. Comme d'hab, si vous le voulez en entier, contactez moi sur instagram : JulianaBrondy). 

— J'ai pas envie... J'veux rester à la maison, s'il te plaît... Le supplié-je.

— NON. Et si tu te plains encore, t'auras à faire à moi !

— Papa... L'imploré-je à nouveau.

— MAIS FERME LÀ, SALE GAMIN !!! Me hurle-t-il.

Ni une ni deux, il me met une droite directement dans l'épaule, en continuant de regarder la route. Mes larmes ne coulent plus depuis longtemps. J'ai même arrêté d'avoir mal quand il me frappe. J'ai presque l'impression que mon corps est devenu du béton armé. Après tout, ce que je subis lorsqu'il n'est pas là est bien pire. Je ne vois pas pourquoi un simple coup me ferait souffrir.

Je tourne la tête vers la droite et m'attarde sur le paysage qui défile devant mes yeux gonflés. Les arbres, sur le bas-côté, défilent inlassablement. J'ai à peine le temps d'admirer leur couleur, d'analyser leur texture, qu'ils se trouvent déjà loin. Je dirige mon regard plus loin encore, à quelques mètres de la route, là où le champ de coquelicots se termine et où, je le sais, un large fossé plein d'eau envahit l'espace.

Plus nous avançons, plus je m'efface.

Mon âme d'enfant n'existe plus depuis bien longtemps déjà, et pourtant, je suis toujours en vie. Du moins, en partie. En vie, mais comme un mort-vivant.

Le silence éternel que m'offre l'azur me ramène à ma propre solitude intérieure.

— On y est. Allez, descend, merdeux.

Je lève les yeux et vois, en face de moi et à seulement quelques mètres, la grande maison blanche des parents de Baël. Elle est immense, mais elle habite tant de secrets... Et je sais que si j'y entre encore une fois, je devrais encore me soumettre à son autorité.

J'en ai marre.

Je préfèrerais mourir.

Mais Papa me force à y aller, surtout depuis qu'il a trouvé une petite amie, qu'il va voir quasiment tous les jours.

Quasiment tous les jours.

Quasiment.

Tous.

Les.

Jours.

— DÉPÊCHE !

Sans protester une seconde de plus, par unique peur de me faire fracasser le visage contre le tableau de bord, je détache ma ceinture, attrape mon sac au sol, et sors du véhicule.

— J'viendrai te chercher demain à neuf heures ! Me lance mon père alors que je m'éloigne sans dire un mot. Sois sage !

Si tu savais, Papa...

Qu'être sage, ne change absolument rien...

Il démarre rapidement, ne réclamant ni un baiser ni une étreinte. Je me dirige vers la porte d'entrée de ce lieu de débauche qui me donne déjà des nœuds dans l'estomac.

À mesure que je me rapproche de la porte d'entrée de leur demeure, ma respiration s'accélère. Le vent s'engouffre dans l'allée et me pousse vers mon funeste destin. J'aurais envie de partir en courant. Où ? Peu importe, tant que je serai le plus loin possible de ce lieu infâme.

Cette demeure est le parfait stéréotype de la maison bourgeoise. Rectangulaire, elle est composée de deux lieux bien distincts : le lieu de vie, et le garage.

LA MORSURE DU DESTINOù les histoires vivent. Découvrez maintenant