CHAPITRE 24 - Iris, six ans plus tôt

97 11 0
                                    

ATTENTION, MISE EN GARDE.

CHAPITRE DIFFICILE À LIRE, MAIS COUPÉ POUR ÉVITER LA CENSURE ! 

Je tends un bras vers le bol rempli d'amuse-gueules en tout genre. Je jette mon dévolu sur une cacahuète salée et la glisse dans ma bouche.

Puis, je tends l'autre bras vers une assiette de tomates-cerises et en prends deux pour les picorer l'une après l'autre comme un petit écureuil.

— Iris, ne mange pas trop... Sinon tu ne vas rien manger après, me lance une voix mielleuse que je connais bien.

— Oui, Maman.

Je joins mes mains en-dessous de la table comme l'enfant bien élevée que je suis, et relève les yeux vers nos invités.

Ce soir, nous avons un grand repas de famille. Maman, Papa, Oncle John et Tata Sylvie sont là. Il y a aussi des collègues de travail de Papa, qu'il connait depuis des années et qu'il considère presque comme des frères de sang. J'aime bien ces repas. Je préfère la compagnie de ma famille plutôt que celle de mes soi-disant « amis », au collège.

Je suis solitaire.

— Iris, tu me passes les cacahuètes, s'il te plaît ? Me demande Tata Sylvie avec un large sourire.

Je tends une énième fois le bras et lui présente l'assiette, en prenant garde de ne rien faire tomber sur la table cirée.

— Merci, ma chérie.

J'écoute attentivement toutes leurs conversations. Souvent, Maman me demande d'aller regarder la télévision en attendant le repas, pour qu'ils puissent discuter « entre adultes ». Mais moi je suis presque une adulte, c'est Oncle John qui me l'a dit. Quand il est arrivé hier avec toutes ses valises, il m'a dit que je devenais une « belle jeune femme ».

J'aime beaucoup Tonton, mais il ne vient pas souvent. Il vit dans le sud, mais je ne me souviens plus du nom de la ville. Tata Sylvie, elle, habite à Paris. Elle est gentille, aussi. On est déjà allé dans son appartement avec Maman et Papa, pour passer le week-end et voir la Tour Eiffel.

Les minutes, puis les heures passent. Leurs conversations m'échappent, je ne les comprends pas toutes. Quand tout à coup, Papa se redresse :

— Bon ! On va peut-être sortir le gratin du four ? Demande-t-il à Maman, occupée à tomber les verres avec tata Sylvie et à rire à gorge déployée.

— Oui chéri. Vas-y.

Je me lève d'emblée de ma chaise pour accompagner Papa et laisser les autres continuer de parler. Tout ce qu'ils disent ne m'intéresse pas vraiment.

J'entre donc dans la cuisine et me plante au milieu de la pièce, les mains entortillées dans le dos. Papa saisit le torchon qui pend à côté de l'évier et s'en sert pour attraper le plat dans le four.

— Te brûle pas, Papa, lui recommandé-je.

— T'en fais pas, ma puce.

Il parvient tant bien que mal à sortir le plat. Il doit être très lourd pour qu'il ait autant de mal à l'attraper. Il le pose sur le gaz pour ne pas brûler le plan de travail. Papa a toujours fait attention à bien prendre soin de la maison pour Maman, sinon elle crie. Mais gentiment.

— Tiens, profite-en pour récupérer la poêle et amène-la sur la table, s'il te plaît.

Je m'exécute et saisis la poignée. Elle est lourde. Il y a de la viande grillée dedans. Ça me donne tellement faim !

LA MORSURE DU DESTINOù les histoires vivent. Découvrez maintenant