J'ouvre lentement les yeux.
La lumière naturelle me ronge les globes oculaires.
J'ai un mal de tête énorme.
Je m'étire longuement, en prenant le temps de faire craquer chaque infime parcelle de mon corps endoloris. D'immenses douleurs parcourent étrangement mes membres inférieurs. J'ai l'impression d'avoir couru un marathon la veille.
Au bout de quelques longues minutes de somnolence, je décide enfin de me redresser dans mon lit, mais une douleur vive s'empare tout à coup de ma nuque.
— AIE !!!
Je ramène ma main à mon cou comme pour l'aider à rester droit. Je me pince la lèvre inférieure, imaginant que cela pourra atténuer la douleur.
— Oh, punaise... AIE !
Je me lève lentement, en faisant bien attention à ne pas me faire davantage mal. J'ouvre lentement la porte de ma chambre, qui laisse un grincement bruyant envahir la demeure, puis je me faufile dans la salle de bain, au fond du couloir. Une fois la lumière allumée, je me place devant l'immense glace et relève le cou.
— Oh... Putain... C'est quoi ça ?! M'exclamé-je.
J'écarquille les yeux en constatant que mon cou est parsemé de tâches plus foncées que le teint de ma peau d'albâtre. Ainsi, j'aperçois, sur le côté droit de ma gorge, quatre bleus distincts.
— Bon sang... Murmuré-je en tapotant doucement sur les hématomes, ce qui me décroche plusieurs gémissements de douleur.
C'est pas possible d'être aussi...
Aussi...
Je me rends tout à coup compte que je commence à réellement subir sa violence. Ciarán n'est pas dans le contrôle, il se laisse assaillir par ses émotions. Et mon cou en est la preuve. Il a inscrit sa marque sur moi. Son passage est gravé dans ma chair.
— Oh, Ciarán... Murmuré-je encore, comme une plainte.
Je pense, malgré moi, que je ferais mieux de laisser tomber cette histoire et de ne plus chercher les embrouilles avec ce garçon, qui semble encore plus dangereux que ce que je pensais.
J'ai pu constater son excès de violence, ses provocations incessantes, et ses sautes d'humeur massacrantes.
Mais ça, là, c'est beaucoup trop. Il aurait pu ne jamais relâcher son étreinte, et je me serais éteinte sans même m'en rendre compte. J'étais terrifiée, à bout. Mon muscle cardiaque menaçait de cesser tout battement, tant la folie s'emparait de l'homme qui se trouvait en face de moi et qui me soumettait à lui.
Et pourtant...
Je repense soudain aux mots que m'a adressé cette jeune femme : Arrête de te mentir à toi-même. Suis-je réellement en train de me voiler la face ?
Tu le veux cet homme, avoue-le !
Je fouille dans ma tête dans tous les souvenirs que j'ai avec Ciarán, et un souvenir précis me revient en tête : la première fois que je l'ai vu.
J'en avais peur.
Le reflet diabolique dans ses yeux me rendait nerveuse, et son attitude détachée me donnait envie de percer sa carapace.
Dès le début.
Dès la seconde où je l'ai aperçu.
Comme si mon âme cherchait désespérément la sienne, délicatement camouflée sous son enveloppe charnelle.
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LA MORSURE DU DESTIN
RomanceIris est une jeune femme modèle de dix-huit ans : bonne élève, serviable, équilibrée. Elle a tout pour plaire, et son intelligence la destine à un avenir prometteur. Pour Ciaràn, vingt-cinq ans, la vie n'est qu'un vaste terrain de jeu macabre. Il e...