CHAPITRE 25 - Ciaràn

110 9 14
                                    

Encore une fois.

Ces mots résonnent en moi comme des échos lointains.

— Bordel. De. Merde.

Assis dans un coin de la pièce, à même le sol dans mon minuscule appartement, je suis perplexe. Bien au-delà du fait de ne pas avoir été capable de percevoir cette faille en elle, je me demande ce qui m'a poussé à déguerpir la veille.

Oui, pourquoi ?

D'habitude, je me fiche complètement de ce que peuvent bien penser ou ressentir les autres.

Encore une fois.

J'attrape une cigarette dans le paquet qui se trouve dans ma poche, et sors mon briquet. J'allume la cigarette, et l'odeur forte du tabac embaume mes narines. J'inspire profondément pour peindre mes poumons de couleur noire.

Encore une fois.

Les yeux plongés dans la pénombre de mon esprit, je revois son visage, dont les yeux écarquillés traduisaient la crainte et l'effroi qui la parcouraient. Je repense également à la douceur de sa peau blanche comme de la nacre. Tout le contraire de la mienne.

Encore une fois.

Je me souviens de son regard suppliant, quand elle a compris que j'avais envie de la baiser, et surtout, que je comptais le faire sans son accord. D'ailleurs, ça faisait tellement longtemps que je la désirais...

Pourquoi me suis-je arrêté, putain ?

Elle n'est qu'une fille insignifiante parmi tant d'autres. Juste une chatte supplémentaire à ajouter à mon tableau de chasse.

Encore une fois.

Oui, c'est ça.

Elle a voulu me le faire comprendre.

Pire, elle a voulu me l'envoyer en pleine gueule.

Elle l'a déjà subi...

Elle a déjà été violée.

Iris est une jeune femme bandante. Dotée d'un corps de rêve, d'un visage d'ange et d'une voix douce. Son regard traduit la pureté. Pas vraiment étonnant qu'un mec ait voulu lui passer dessus. Elle a d'ailleurs eu de la chance de ne pas l'avoir subi toute son existence.

Comment aurais-je pu passer à côté d'une telle merveille ?

Encore une fois.

Mais, par qui ?

Quand ?

Où ?

Je saurai ce qu'elle cache, je m'en fais la promesse.

— Elle n'est peut-être pas si pimbêche que je le pensais, après tout, songé-je à voix haute. Elle a juste... Peur que ça recommence. Elle est en hypervigilance. Elle se protège. Elle se cloisonne. Comme beaucoup, finalement.

Je relève les yeux vers mon miroir, le seul qui me permet de me voir tel que je suis.

Lui, il ne ment pas.

Il ne fait que dire la vérité.

À travers celui-ci, je vois les ténèbres.

Je vois un visage ambré aux traits fins, mais à l'aura maléfique.

Et en baissant les yeux plus bas, j'aperçois les marques de ma déchéance : des centaines de cicatrices, ça et là, partout sur mon torse et mes bras, et recouverts par des tatouages plus ou moins imposants. L'immense serpent qui recouvre mon cœur est le signe de la perte de tous les sentiments que j'ai pu avoir, autrefois. Il y a fort longtemps.

LA MORSURE DU DESTINOù les histoires vivent. Découvrez maintenant