— Putain.... PUTAIN DE PUTAIN !!! Tonitrué-je dans la voiture.
— Calme-toi, Iris. On va le retrouver.
Mon cœur tambourine comme un fou dans ma poitrine, à tel point que les battements se font ressentir dans tout le reste de mon corps. Dans mes bras. Dans mon ventre. Dans mes tempes. Et même dans mes orteils.
— Comment tu peux être aussi calme, bordel ?! L'agressé-je. Dalila, putain ! Il a tout laissé, il compte faire quoi, à ton avis ?!
— Du calme... J'vais appeler Lélio et il préviendra les autres. On va tous partir à sa recherche. On va le trouver, Iris. Calme-toi, il n'a pas dû aller bien loin... Surtout à pied !
Tout dans le ton qu'elle emploie traduit son inquiétude, malgré ce qu'elle tente en vain de laisser transparaitre. Elle en est au même point que moi. Seulement, elle reste forte en toute circonstance.
Nous roulons pendant de longues minutes dans tout le village, espérant repérer Ciarán. Dalila analyse chaque coin de rue, chaque bâtiment tandis que je me faufile dans les rues étroites. Quant à moi, je me surprends à repenser à ses aveux de la dernière fois.
— Heu... Dalila ? L'interpellé-je.
— Mmh ? Quoi ?
Son ton est aussi froid et glacial que celui de Ciarán. Après tout, il n'y a rien d'étonnant à cela, ils ont grandi ensemble.
— Je... Quand tu as su que tu étais enceinte... Comment tu as réagi ?
— Heu... Et bien... Commence-t-elle, désarçonnée, en serrant les mains autour de son sac à main. Au début, j'étais complètement perdue mais... Une partie de moi souhaitait garder ce petit être né du miracle.
— Et... Vous l'avez gardé ?
— Non, Iris. Tu penses réellement que deux personnes comme nous auraient pu avoir un gosse ? Réfléchis deux secondes. La plupart de nos connaissances nous enfermeraient en asile, s'ils le pouvaient.
Certes.
— Et puis... Enchaîne-t-elle, Ciarán est le genre d'homme à avoir une sainte horreur des gamins. Tu sais, après une enfance comme celle-ci, t'as pas vraiment envie d'en avoir.
— Par peur de reproduire le même schéma... Terminé-je.
— Tu feras une psychologue en or, Iris.
Dalila m'envoie un sourire sincère, puis s'occupe de passer tous les appels à partir du portable de Ciarán. Elle téléphone à Lélio, Elior, Célian, et même à leurs collègues respectifs que je ne connais pas encore. Elle prend même le temps de passer un coup de fil aux bars du coin, dans l'espoir de le trouver accoudé à un comptoir à enchaîner les verres.
Mais aucune trace de lui.
Elle ne cesse cependant pas ses efforts et continue d'appeler des connaissances dans l'espoir que quelqu'un lui donne enfin une réponse concrète.
Quant à moi, je ne sais plus où donner de la tête. La route devient de plus en plus floue à mesure que l'angoisse m'envahit. Je suis à deux doigts de faire une crise de panique.
Où es-tu, Ciarán...
La route défile devant mes yeux, ainsi que les arbres sur les bas côtés. De la buée envahit l'habitacle. Je décide alors d'ouvre les fenêtres pour faire entrer le plus d'air frais possible dans mes poumons, même si je me sens éteinte de l'intérieur.
Au fond de moi, je supplie toutes les forces de la nature de me le ramener au plus vite.
En vie.
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LA MORSURE DU DESTIN
RomanceIris est une jeune femme modèle de dix-huit ans : bonne élève, serviable, équilibrée. Elle a tout pour plaire, et son intelligence la destine à un avenir prometteur. Pour Ciaràn, vingt-cinq ans, la vie n'est qu'un vaste terrain de jeu macabre. Il e...