Ça n'a vraiment pas été aisé.
Mes parents étaient très sceptiques quant à l'idée de me laisser aller dormir chez Hava. J'en viens à croire qu'ils soupçonnent notre sortie en discothèque de la fois dernière. Fort heureusement pour moi, ils n'en ont jamais eu la preuve. De toute manière, je nierai tout en bloc.
Mes pauvres parents...
Quoi qu'il en soit, j'ai fait mine d'aller passer une soirée cinéma chez mon amie, et ils ont fini par accepter. J'ai donc discrètement emmené une robe rouge avec moi.
Lorsqu'il a commencé à faire sombre dehors, Hava et moi nous sommes précipitées dans la salle de bain pour nous faire belles.
Je ne sais pas vraiment ce qui me pousse à faire ressortir ce côté femme fatale en moi, mais je m'en fiche. Tout ceci me permet au moins de me rapprocher de mon amie, elle qui, depuis environ un an, s'est drastiquement éloignée de nous. Ça me fait un bien fou de passer ces moments privilégiés avec elle. Je me sens moins seule.
— Mmh... Dis donc, ma chérie ! S'exclame alors mon amie en me toisant de haut en bas.
— Quoi ?
Je continue de mettre mon rouge à lèvres sans donner trop d'importance à ses remarques.
Jouons les innocentes.
— Tu deviens une vraie femme, dis-moi... Tu cherches ton prince charmant ?
— C'est possible.
Elle pouffe.
Nous mettons bien une heure et demie pour finir notre mise en beauté. Avant de sortir, je me dirige vers la chambre de mon amie et admire mon reflet dans le miroir de la penderie.
Je suis prête.
Je suis prête à revoir Ciarán.
Je souhaite le percer à jour, et je ne reculerai devant rien. Et ce ne sont certainement pas ses menaces – qui sont sans doute des paroles en l'air et rien de plus – qui m'empêcheront de lire en lui et de m'attarder sur son cas.
Ciarán, prépare-toi !
Détective Iris est dans la place !
***
Il est là.
Ce soir, il porte un tee-shirt noir moulant qui me fait deviner son corps svelte, et un jean basique – peut-être trop large à mon goût – orné d'une belle ceinture en cuir. Il ne semble pas m'avoir remarquée, et c'est pour le mieux.
Il est accoudé au bar et sirote un grand verre dont le liquide opaque me ferait presque envie.
Envie de ses lèvres ou de la boisson ?
Oh, mince.
Je ne bouge pas. Je reste là à la fixer comme s'il était devenu une bête de foire. Le pire dans tout ça, c'est que je le dévisage comme un prédateur. J'en ai presque honte.
Non...
Il est simplement mon premier sujet d'étude !
Un sujet d'étude très... Intéressant.
Je commence à croire que mon envie de devenir psychologue me met en danger. Surtout avec ce genre de personnage brutal et grossier. Je ne comprends même pas pourquoi je ressens ce besoin irrépressible de chercher l'aiguille dans l'immense botte de foin qu'est son cerveau de dépravé !
Il y a beaucoup de monde, ce soir : la salle est quasiment bondée, ce qui me permet d'analyser ses faits et gestes en toute discrétion. Je n'en suis pas peu fière.

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LA MORSURE DU DESTIN
RomantikIris est une jeune femme modèle de dix-huit ans : bonne élève, serviable, équilibrée. Elle a tout pour plaire, et son intelligence la destine à un avenir prometteur. Pour Ciaràn, vingt-cinq ans, la vie n'est qu'un vaste terrain de jeu macabre. Il e...