Il est seize heures trente.
J'ai passé le reste de ma journée enfermée dans ma chambre à écouter de la musique douce. Un quotidien que j'apprécie réellement. Mais comme avait un jour dit Picasso, "Rien ne peut être fait sans solitude".
J'y crois ardemment.
J'ai passé des heures à réfléchir à la meilleure manière possible de demander à mes parents si je pourrai sortir en boite de nuit demain soir. Je ne sais pas s'ils vont accepter. Et en même temps, tout au fond de moi, j'espère qu'ils refuseront. Ou peut-être pas.
J'ai peur.
J'ai toujours été effrayée par beaucoup de choses.
Après tout, c'est bien normal, non ?
Ne vit-on pas dans une société dans laquelle le danger est constamment imminent ?
Bon, ceci dit, là...
Le plus grand danger, c'est ma chère mère.
Je m'apprête à descendre les escaliers pour le leur demander. J'avoue que l'angoisse m'envahit peu à peu, à mesure que mes orteils touchent les différentes marches. Je repense à la conversation que j'ai eue plus tôt dans la journée avec mes amies.
La discothèque...
J'ai tellement d'appréhension. Je ne sais pas ce qui me terrorise à ce point. J'ai peut-être simplement un mauvais pressentiment.
Ou peut-être est-ce le fait de me retrouver au milieu de centaines d'inconnus alcoolisés, ou bien de me retrouver face à des personnes que je ne souhaite pas rencontrer, ou encore, l'ambiance générale de dépravation sociale...
Je ne saurais le dire.
À mesure que je dévale les marches, posant la plante de mes pieds sur le carrelage encore gelé, je me remémore la conversation que j'ai eue avec Hava et Hélèna : elles ont raison. Je suis presque une vierge effarouchée. Et il faut que cela change.
J'ai dix-huit ans, tout de même.
Je ne peux pas errer éternellement dans mon petit monde enchanté.
Une fois arrivée à la dernière marche, je marque une pause.
Mes deux parents sont là, dans la pièce de vie. Ils vivent leur paisible existence sans se douter de ce que je compte leur demander. Je les fixe avec insistance, et lorsqu'ils lèvent la tête vers moi, je sais qu'ils ont déjà compris.
— Man' ? Pa' ? Les interpellé-je rapidement pour ne pas laisser mes affres m'envahir davantage.
— Oui chérie, me répond mon père, confortablement assis sur le fauteuil rouge du salon.
— J'ai quelque chose à vous demander.
— On t'écoute.
Fffff...
Souffle.
C'est rien, c'est juste une question.
Ma mère pose sa tasse de thé sur la table basse, et croise les bras. J'ai peur d'elle et de ses réactions. Je sais d'avance que ça ne va pas lui plaire. Mais je me lance, c'est pour la bonne cause.
Qui sait, ça me fera peut-être le plus grand bien.
— Heu... J'aimerais sortir avec Hava, Hélèna et Délia... En... Commencé-je en bégayant. On aimerait sortir en... Heu... En boîte de nuit. En... Discothèque...
— Quoi ? Me demande ma mère.
Aie.
Merdouille.
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LA MORSURE DU DESTIN
RomanceIris est une jeune femme modèle de dix-huit ans : bonne élève, serviable, équilibrée. Elle a tout pour plaire, et son intelligence la destine à un avenir prometteur. Pour Ciaràn, vingt-cinq ans, la vie n'est qu'un vaste terrain de jeu macabre. Il e...