Ce matin, je me suis réveillée seule.
Ciarán était déjà parti.
J'ai un mauvais pressentiment. Après tout, j'ai choisi d'aimer l'homme le plus instable de cette planète, et les mots sont bien faibles.
Quelle bonne idée, ça aussi...
La veille, j'ai vécu un moment exceptionnel.
Je m'en souviens encore, à tel point que je suis presque capable de ressentir ses doigts contre ma peau, le goût de sa langue dans ma bouche, et les frottements doux de son pénis dans mon antre.
Il n'existe rien de plus délicieux pour une femme.
J'en suis maintenant persuadée.
Hier soir, Ciarán m'a fait ressentir des sensations, et une en particulier, que jamais je n'avais ressenti. Il a permis à mon corps de réapprendre à aimer. Et je lui serai toujours reconnaissante pour cela. Seulement...
Il est parti.
Pendant que je dormais.
— Pourquoi, Ciarán... Murmuré-je, seule dans ma chambre. Pourquoi tu n'es pas resté... Tu avais l'air d'aimer ça, hier, toi aussi...
L'incompréhension me saute au visage.
Ciarán, l'homme aux mille visages. Celui qui jadis était si mystérieux, et dont je connais dorénavant le passé tumultueux.
Ciarán, qui hier soir, a changé du tout au tout, et m'a montré une partie de lui que personne n'a certainement jamais vue auparavant.
Ciarán, qui me laisse seule, alors que nous avons tous deux pu passer au-delà de nos limites.
Mais tout à coup, je réalise.
Oh, bordel !
Ni une ni deux, j'attrape mon téléphone sur mon bureau, et saisis le numéro que j'appelle le plus en ce moment. Mon amie décroche au bout de deux sonneries à peine. Elle était certainement déjà sur le qui-vive.
— Allô ? Hava ?
Elle doit certainement sentir la panique dans ma voix, à l'heure qu'il est. Mais je dois lui demander, il le faut impérativement.
— Oui ? Ça va, chérie ? S'inquiète-t-elle. Tu m'appelles bien tôt...
— Oui. Écoute, j'ai besoin que tu me rendes un service... Avoué-je rapidement pour ne pas perdre une seconde.
— Si ça concerne encore Ciarán, je...
— Donne-moi son adresse, la coupé-je.
Ça a au moins le mérite d'être clair.
— Quoi ?!
— Discute pas, donne-moi sa putain d'adresse ! L'agressé-je.
— Ça va pas, Iris ?! Tu veux vraiment te jeter dans la gueule du loup ?!
C'est un serpent...
— ALLEZ !!!
— BON, BON ! Abdique-t-elle.
***
TOC TOC TOC
Je t'en supplie, ouvre-moi...
La fenêtre m'offre une vue complète sur l'intérieur, et pourtant, je ne le vois pas. Je ne perçois aucun signe de vie dans son appartement. Pourtant, sa voiture est garée devant l'allée. Il est forcément là.

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LA MORSURE DU DESTIN
RomansaIris est une jeune femme modèle de dix-huit ans : bonne élève, serviable, équilibrée. Elle a tout pour plaire, et son intelligence la destine à un avenir prometteur. Pour Ciaràn, vingt-cinq ans, la vie n'est qu'un vaste terrain de jeu macabre. Il e...