CHAPITRE 43 - Iris

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TOC TOC TOC

— Ciarán ! Ouvre-nous !!!! Tempête Dalila derrière la porte en bois.

Pas de réponse. Nous attendons une bonne dizaine de minutes devant son appartement, mais il ne semble pas vouloir nous ouvrir. Je sais très bien ce qu'il essaie de faire : il ne répond pas dans l'espoir que nous déguerpissions. Mais nous sommes deux femmes. Deux femmes avec de la volonté.

— Bon... On va employer la manière forte ! M'annonce Dalila.

— Hein ?!

— Recule, m'ordonne-t-elle.

Elle resserre ses poings et prend de l'élan avec son bras droit. Puis, elle frappe la porte le plus fort possible. J'entortille mes doigts pour ne pas me laisser aller à la panique.

BAM BAM BAM

— CIARÁN !!! OUVRE CETTE PUTAIN DE PORTE !!! S'égosille-t-elle. SINON, JE LA DÉGLINGUE !!!

Dalila est littéralement en train de s'arracher la gorge. Elle crie, elle hurle, tout en martelant la porte. Mais rien, aucun signe de Ciarán.

— J'comprends pas... Il s'est passé quelque chose que t'as pas osé me dire, Iris ? Me questionne-t-elle en se tournant lentement vers moi, ce qui m'arracha un hoquet de terreur. Parce que si t'as quelque chose à dire, c'est maintenant !

— N... Non, enfin...

— Fallait bien que j'demande...

Sympa, le confiance.

— Bon ! Manière encore plus forte ! Plan B !

— Pardon ?! M'exclamé-je.

Elle me fait alors signe de reculer davantage, et fait quelques pas en arrière pour prendre encore plus d'élan que tout à l'heure. Puis, une fois reculée de deux ou trois mètres, elle fonce sur la porte en courant. Mais la porte s'ouvre, ce qui la propulse par terre, dans le couloir de Ciarán.

BOUM !

— Punaise ! Dalila ! Hurlé-je en courant vers elle pour la relever. Ça va ?!

— Ouais... Ouais, ça va... Me confirme-t-elle en s'appuyant sur mon épaule pour se redresser.

J'attrape sa taille, mais elle me repousse violemment de la paume de la main.

— Oh, pardon, Dalila... Je...

— Putain, le con, il a même pas fermé à clé, et on tambourine comme des dingues depuis une heure ! Ronchonne-t-elle, ne prêtant aucune attention à mes excuses.

Un quart d'heure.

Nous pénétrons dans l'appartement, qui semble totalement vide. Les volets sont fermés, les lumières éteintes, la télévision en mode off... C'est comme s'il était parti en voyage.

Nous arrivons dans le salon qui nous offre une vision des plus cauchemardesques, et là, mon cœur vacille :

— Dalila... L'interpellé-je.

— Quoi ? M'interroge-t-elle avant de se tourner vers la table basse. Oh !

Nous constatons que toutes les affaires de Ciarán sont étendues là, les unes à côté des autres, comme pour être recensées.

Des bouteilles d'alcool.

De la drogue.

Des feuilles de tabac.

Des filtres.

Un briquet.

Son portable.

Et même ses clés.

Mon cerveau assimile lentement les informations. Je tente de déceler ce qui se cache derrière ce panorama atypique.

Ciarán fume depuis des années. Il est totalement accro aux substances illicites, dont le tabac. Je n'aurais jamais pu concevoir le fait qu'il puisse abandonner tout son attirail comme ça.

Cela cache forcément quelque chose.

Je me dirige vers sa chambre : des dizaines de mégots sont disposés autour du cendrier, et des cadavres de bières gisent ça et là, autour du lit. Cet appartement est loin d'être déserté. On dirait presque que Ciarán impose sa présence par le biais de ces objets représentatifs de ses dépravations.

— T'as trouvé quelque chose ? Me demande Dalila, de la salle de bain.

— Non. Et toi ?

— Viens voir...

Je sors de la chambre et rejoins la rousse, qui observe le miroir de la salle de bain avec un regard désabusé. Je m'approche, et constate l'étendue des dégâts. La vitre est brisée en mille morceaux, et des gouttes de sang gisent sur le sol.

— Qu'est-ce que...

Et à bride abattue, je comprends.

— Tu crois que... Commencé-je, en me progressivement vers Dalila. OH, NON !!! 

LA MORSURE DU DESTINOù les histoires vivent. Découvrez maintenant