Nous sommes vendredi soir.
Une soirée tranquille en famille, comme tous les autres. Je suis sur le canapé, emmitouflée dans un immense plaid rose, en compagnie de ma mère et de mon père.
Nous regardons une émission barbante, pour ne rien changer. Mes parents ont toujours apprécié la routine. Ça n'est pas mon cas, mais je sais m'adapter.
J'ai bien réussi à cacher mon jeu la dernière fois. Mes parents ont posé pleins de questions, s'imaginant que j'avais désobéi, mais ils n'ont rien pu savoir. Je n'en suis pas peu fière. J'ai cela dit éprouvé quelques élans de culpabilité à ce sujet, mais je m'y suis faite.
En tout cas, ce soir est une soirée paisible que rien ne saurait perturber.
DRING DRING DRING
DRING DRING DRING
DRING DRING DRING
Punaise ! Non !
— Oh pardon... M'adressé-je à mes parents.
Je me lève du divan et me dirige vers mon téléphone portable en train de charger sur le rebord du vaisselier.
DRING DRING DRING
DRING DRING DRING
DRING DR...
Je décroche juste à temps, et m'éloigne du salon pour pouvoir discuter tranquillement. J'ai toujours peur de ce que mes parents pourraient entendre, surtout maintenant que je leur ai menti.
Honte à moi.
Fille indigne que je suis.
— Allô ?
— Coucou ma chérie ! S'exclame une voix féminine.
— Oh, Hava... Tu vas bien ? La questionné-je. Quoi de neuf ?
— Super ! J'ai un truc à te demander ! M'annonce-t-elle rapidement.
— Ça m'aurait étonnée...
Hava n'a pas pour habitude d'appeler ses proches simplement pour prendre des nouvelles. Elle a toujours besoin de nos services. Je me souviens d'un jour où, ne m'ayant pas adressé la parole de l'été – soit pendant deux mois entiers – elle s'était permise de me téléphoner la veille de la rentrée, pour que ma mère l'amène.
Enfin, bref...
J'ai l'habitude.
— Lélio m'a appelée tout à l'heure... Avoue-t-elle enfin, après une minute de silence interminable.
— Lélio... Le garçon avec qui tu as eu un rapport l'autre soir ? Demandé-je, sceptique, en veillant à ne pas parler trop fort pour ne pas que mes parents m'entendent.
Elle me le confirme.
Et machinalement, elle commence à en faire un éloge drastiquement pervers. Je ne l'écoute que d'une oreille.
Hava...
T'es un sacré numéro.
— En quoi ça me concerne ? L'interrogé-je en la coupant dans ses récits chevaleresques.
— Il m'a proposé de passer chez lui ce soir, vers vingt-trois heures.
— Bon, je réitère ma question : en quoi ça me concerne ? Insisté-je.
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LA MORSURE DU DESTIN
RomanceIris est une jeune femme modèle de dix-huit ans : bonne élève, serviable, équilibrée. Elle a tout pour plaire, et son intelligence la destine à un avenir prometteur. Pour Ciaràn, vingt-cinq ans, la vie n'est qu'un vaste terrain de jeu macabre. Il e...