Baël est là, devant moi.
Son regard noir et son corps gonflé m'indiquent très clairement ses intensions. Son souffle est court et si bruyant que je l'entends presque à l'intérieur de ma tête, comme s'il y vivait depuis toujours.
— DÉGAGE !
Je suis là, adulte, couché sur mon matelas. Mon torse affiche toujours les centaines de cicatrices qui le rendent si particulier aux yeux du monde. Je tente de me relever, mais des chaines me clouent au matelas. Soudain, je baisse les yeux. Je suis complètement nu. Mon sexe pend sur la droite, entre mes cuisses. Loin de moi l'idée de faire monter l'excitation, bien au contraire. Mon bourreau me toise de haut en bas, provoquant en moi des nausées ingérables.
— Espèce de petit con... Tu me suppliais de le faire, et maintenant tu me rejettes ?!
— C'était pour pas que Papa me frappe ! Lui rétorqué-je, les larmes dévalant mon visage pour venir s'écraser sur l'oreiller.
— C'est toi qui le voulais, Ciarán... Répète-t-il, de ces mots démoniaques qui me prennent au corps.
— PARCE QUE TU DISAIS QUE C'ÉTAIT DE MA FAUTE, ET QUE SI JE LE FAISAIS PAS, IL ALLAIT ME TUER !!!!!!!!! M'égosillé-je.
— Oh... Ciarán... Ciarán... Ciarán...
Sa voix sonne comme celle d'un revenant.
Il se rapproche de moi et accélère le pas à mesure qu'il se rapproche du lit. Je dois m'enfuir, mais je suis enchaîné à ce grand lit orné de draps rouge vif. Je ne peux pas bouger. Le métal me brûle la peau. Je ne cesse de tirer sur mes liens, quitte à me briser les poignets. Bientôt, des flammes voient le jour tout autour du matelas, m'enfermant dans une prison vermeille. Le démon de mes nuits s'approche toujours plus et grimpe sur le matelas, pour se placer au-dessus de moi. Il attrape mon menton d'une main et l'écrase pour me maintenir en place et me forcer à le regarder :
— TU VAS AIMER, T'INQUIÈTE PAS CIARÁN !
Ses mots résonnent dans mon crâne. J'ai envie de crever. Une bonne fois pour toute. Je hurle, de ma voix caverneuse et rongée par les substances illicites, à m'en écorcher les cordes vocales. Je ferme les yeux pour ne pas voir ce qui m'attend.
Et tout à coup, plus rien.
Plus aucun son.
Plus de voix.
Rien.
— Qu'est-ce qu... OH !
Je me redresse légèrement.
J'aperçois une silhouette que je reconnais rapidement. Baël a disparu, il s'est volatilisé. Seule une silhouette féminine aux courbes parfaites me surplombe. C'est Iris, et ses longs cheveux qui couvrent ses épaules. Ses yeux émeraude me toisent avec envie.
— Ciarán...
Sa voix sonne comme un écho.
Est-elle vraiment là, ou est-ce que mon cerveau me joue un tour ?
— Iris, tu... Tu es vraiment là ?
— Bien sûr que je suis là. Ciarán, j'ai besoin de toi.
— Moi aussi j'ai besoin de toi...
Elle retire ses vêtements d'un trait et j'admire son corps de déesse. Elle est parfaite. La rondeur de ses seins est impeccable, et son fessier rebondi ne demande qu'à recevoir la fessée. Sans hésiter, elle s'agenouille sur moi, au niveau de mon pénis gonflé. Elle s'empale sur mon membre et pousse un râle guttural.
— Et tu sais comme moi comment ça doit se terminer...
En une fraction de seconde, elle dégaine un couteau, et me l'enfonce en plein dans la poitrine, dans la gueule du serpent...
— AH IRIIIIIIIIIIS ! PUTAINNNNNN ! M'égosillé-je, seul dans mon appartement.
Je me redresse dans mon lit.
C'est la première fois que je fais un rêve comme celui-ci. Je ne comprends plus rien. D'habitude, mes cauchemars restent des cauchemars terrifiants. Toujours les mêmes. Toujours Baël, qui me torture l'esprit, le corps et l'âme. Mais pas cette fois.
Là, c'est différent.
— Iris... Qu'est-ce qu'elle fichait ici ?
Ça n'était pas comme d'habitude. C'est étrange. Je ne comprends pas vraiment le sens de ce cauchemar. La dague qu'elle a fait apparaitre dans sa main s'est enfoncé dans mon cœur comme dans du coton, et je crois en ressentir la sensation. Je tends une main vers ma poitrine et sens les battements irréguliers de mon cœur trop endurci. Visiblement, j'en ai un, c'est déjà ça.
Ah... Oui.
Je sais.
C'est logique.
J'ai tout balancé à Iris. Je ne sais même pas pourquoi, je ne l'ai jamais dit à personne. D'ailleurs, elle n'a rien dit. Elle s'est contentée de m'écouter, et après ça, elle est restée figée. Mais le fait reste le même : je lui ai dévoilé ce que personne n'avait le droit de savoir, tout ce qui me fait le plus honte. J'ai accepté de me mettre à nu devant elle – du moins, métaphoriquement, et de me retrouver vulnérable.
On ne doit pas offrir sa vulnérabilité à une femme...
Ni à personne.
— À quoi tu t'attendais, sombre crétin ? Me questionné-je.
Le pire dans toute cette histoire, c'est qu'Iris a déjà subi un viol. C'était son oncle. Ça me répugne presque autant que Baël me répugnait.
Heureusement, elle ne parviendra jamais au même niveau de perversité que ce démon tout droit sorti des Enfers, qui mériterait d'être enfermé dans une salle de purgatoire pour y être torturé pour l'éternité, au lieu de se dorer la pilule en Guadeloupe avec sa nouvelle femme.
Ouais.
Je suis bien renseigné.
Je me suis fait le serment qu'un jour, je le tuerai.
Quoi qu'il en soit, je prends le temps de m'étirer et de désengourdir chaque muscle de mon corps. Je pose une main sur mon torse et caresse mes abdominaux.
— Heureusement que je ne lui ai pas tout dit... Songé-je. Là, elle aurait vraiment fait un arrêt cardiaque...
VOUS LISEZ
LA MORSURE DU DESTIN
RomanceIris est une jeune femme modèle de dix-huit ans : bonne élève, serviable, équilibrée. Elle a tout pour plaire, et son intelligence la destine à un avenir prometteur. Pour Ciaràn, vingt-cinq ans, la vie n'est qu'un vaste terrain de jeu macabre. Il e...