Sa... Petite... Sœur ?
Je me sens bête.
Et ce, dès le lendemain matin de notre soirée en discothèque.
Je revois encore, sous l'écran de mes paupières, la jeune femme à la chevelure rougeoyante de la dernière fois.
Dalila.
La petite sœur de Ciarán.
Lorsqu'elle m'avait approchée, j'avais vu une telle fureur dans son regard, que je n'avais pas imaginé une seule seconde qu'elle puisse être une autre personne que sa petite amie.
Sa sœur...
Oui. C'est logique.
Ça explique son instinct de protection envers lui.
En repensant au comportement de la jeune femme envers moi, je commence finalement à la comprendre. J'aurais fait pareil pour mon frère cadet. Sans nul doute.
Quoi qu'il en soit, j'ai dormi chez Hava cette nuit et, heureusement pour moi, elle n'a pas fini dans le lit de Lélio, sous peine de quoi j'aurais dû dormir à la belle étoile. Trop peu pour moi.
Nous ne sommes pas rentrées trop tard, car je ne me sentais pas de continuer à passer la soirée en présence du jeune homme. Une fois notre danse terminée, je m'en suis éloignée et ai pris le temps d'encaisser ses aveux. Et heureusement pour moi, la partie de jambes en l'air de Hava à l'extérieur du bâtiment n'a pas duré éternellement.
Je suis toujours dans sa chambre. Il est tard. Nous écoutons de la musique douce, un petit rituel auquel nous nous adonnons, depuis des années.
Bon...
Il faut se lancer !
— Hava, je peux te parler de quelque chose ? Lui demandé-je d'un ton grave.
— Oula... Ça sent le méchant sujet bien dérangeant... S'exclame-t-elle en se redressant soudainement.
— Non, dis pas ça... C'est...
Je marque une courte pause, tandis que mon amie se lève du lit pour aller chercher un paquet de bonbons planqué dans la commode, entre plusieurs piles de vêtements. Des bonbons Haribo en forme de serpent.
Peu ragoûtant.
— Ah ah ! Fait-elle en les exposant, bras tendu vers le ciel. Faut toujours que je les cache... Ma daronne veut pas que j'en bouffe !
— Tu veux pas m'écouter ? M'énervé-je légèrement.
Hava se dirige à nouveau vers son lit, et s'assoit en face de moi, les jambes croisées, en tailleur. Elle attrape deux ou trois bonbons à la fois et les picore comme une poule picorerait du maïs.
— Bon, bon... Se résout-elle à dire. Crois-moi, si j'avais du popcorn, je l'aurais dévoré, rit-elle. Allez, balance tout, ma belle !
J'ai peur...
Qu'est-ce que j'ai peur...
Déjà qu'elle ne le porte pas dans son cœur, mais alors là !
J'vais crever.
— C'est... À propos de... De C...
— Accouche ! M'encourage-t-elle, impatiente.
— De... De Ciarán.
— Oh, non... Remets pas ça sur le tapis... Se plaint-elle. J'veux plus parler de cet enculé, Iris ! Quand est-ce que tu vas comprendre ça ?!
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LA MORSURE DU DESTIN
RomanceIris est une jeune femme modèle de dix-huit ans : bonne élève, serviable, équilibrée. Elle a tout pour plaire, et son intelligence la destine à un avenir prometteur. Pour Ciaràn, vingt-cinq ans, la vie n'est qu'un vaste terrain de jeu macabre. Il e...