CHAPITRE 27 - Ciaràn

107 13 11
                                    

TOC TOC TOC

— Oh, merde... C'est pas le moment...

Affalé sur le canapé, je fume un gros joint pour me détendre. Je me demande qui peut bien venir m'emmerder à cette heure-ci. De toute manière, je n'ai envie de voir personne.

Je vérifie l'heure sur la pendule : il est presque vingt-deux heures. Autrement dit, aucunement l'heure de venir emmerder les gens chez eux.

Fait chier.

TOC TOC TOC

— Il va bien finir par se barrer... Songé-je.

Je tire une latte et clos les paupières pour m'enfermer dans ma bulle, en espérant que l'inconnu daigne bien dégager de chez moi.

TOC TOC TOC

Putain, mais merde !

On peut pas être en paix, dans ce foutu monde ?!

— QUI C'EST, BORDEL ?! Hurlé-je pour que ma voix parvienne jusque derrière la porte d'entrée sans bouger de mon canapé.

— C'est Hava ! Dépêche-toi d'ouvrir, ou j'enfonce la porte et j'te pète la gueule à coup de massue pour en faire de la bouillie, espèce de pute version homme !!! S'égosille-t-elle en retour.

Mmh...

Alléchant.

Je n'aurais pas pu rêver mieux qu'une petite confrontation avec cette femme qui pue la débauche.

Je me redresse difficilement, puis me dirige vers l'entrée. J'ouvre la porte et découvre une tête familière - que je n'avais envie de voir pour rien au monde, mis à part pour la ruiner encore une fois. Je décide néanmoins d'ouvrir grand la porte, pour qu'elle puisse pénétrer l'appartement.

— Ah ! Enfin ! J'ai cru que t'allais jamais me laisser entrer ! Crache-t-elle.

— J'aurais dû te laisser crever sur le paillasson... Rétorqué-je.

— Au moins, il aurait eu plus de gueule...

— Plus que la tienne ?

— On doit parler ! Me lance-t-elle alors, ignorant mon sarcasme.

— C'est pas l'moment, putain !

Je la laisse en plan et me dirige vers ma table basse. Je sors une petite boîte d'un des tiroirs et en sors une minuscule poche remplie de poudre blanche.

Allez, c'est le moment, j'en ai trop besoin.

— T'as pas changé, hein... Souffle-t-elle. T'es toujours un gros drogué !

— Comme tu peux le constater.

— Et t'arrives encore à bander, après tout ça ?!

— Et alors, en quoi ça te concerne ? Va donc te faire tringler par ton mec, au lieu de me prendre la tête.

— Non. Faut qu'on parle, et j'bougerai pas d'ici tant que ça sera pas fait.

— À tes risques et périls, Hava.

Je m'assois au bord du canapé, puis verse une partie de la minuscule poche sur la table basse. Je dessine une ligne droite de dix centimètres à l'aide de ma carte bleue, et approche mon visage. Je bouche une de mes narines, et aspire aussi fort que je peux. Je souhaite que ce rail pénètre mon cerveau pleinement, histoire de supporter cette connasse.

Oh, bordel.

Ça fait du bien.

Allez, j'suis prêt !

LA MORSURE DU DESTINOù les histoires vivent. Découvrez maintenant